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Critique de Luniver


Il y a quelques décennies, la fin de l'Histoire semblait actée : le monde ne pouvait que devenir libéral, qui apporte dans son sillage prospérité, démocratie, santé et éducation. Aujourd'hui, après avoir chanté les lendemains radieux toute la nuit, l'heure est plutôt à la gueule de bois. le libéralisme lui-même semble avoir revu ses ambitions à la baisse, et se contente de dire qu'on n'a pas d'autres choix que de le suivre, car il reste la moins pire solution quoi qu'il arrive.

Emmanuel Todd adopte une position plutôt originale en considérant que dans le monde, il y a des gens. Et des gens qui, en plus, ont des idées bien arrêtées sur la manière de conduire une vie et des valeurs à défendre dans une société. Après des livres et des livres me parlant de théoriques « agents rationnels » et de populations un peu arriérées qui sont incapables d'appliquer les belles théories qu'on a élaborées exprès pour elles, c'est une approche qui m'a parue rafraîchissante. À l'aide d'outils démographiques, on explore donc les différences entre grandes puissances économiques, en soulignant à quel point les valeurs défendues par chaque société va influencer la situation du chômage, du salaire minimum, … dans ce pays. Avec pour corollaire immédiat qu'une solution universelle n'existe pas et qu'il faut bien tenir compte de la spécificité de chaque société, même si plonger dans la tête de la populace, ça ne fait pas plaisir à tout le monde.

Vient ensuite une partie sur l'euro et sur l'Union Européenne, et si cette partie n'est pas dénuée d'intérêt, j'ai bien du mal à voir la continuité avec les parties précédentes. La stupidité de l'euro semble actée, tout comme celle des dirigeants européens qui se succèdent, sans développer beaucoup d'arguments pour soutenir cette idée. J'imagine que fusionner des peuples qui n'ont pas les mêmes idéaux doit jouer un rôle dans cette histoire, mais j'aurais aimé un peu plus de développement. Du peu que j'ai lu de Todd, j'ai l'impression qu'il y a des obsessions qui reviennent tôt ou tard dans tous ses livres, et parfois comme un cheveu dans la soupe.

J'ai pris en tout cas beaucoup de plaisir à parcourir cet essai. Malgré son âge vénérable (vingt ans déjà!), on ne peut qu'être frappé par la modernité des arguments et des critiques qu'il contient, et qui peuvent être ressorties aujourd'hui sans la moindre modification.
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