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Critique de SeverineL5775


C'est cette citation ⟪Toutes les familles heureuses se ressemblent ; mais les familles malheureuses le sont chacune à leur façon ⟫ qui m'a donné envie de lire ce livre.
Je n'ai pas regretté de l'avoir lu et j'ai découvert un Tolstoï très moderne, des personnages plus vrais que nature, et une société qui dans le fond n'a pas vraiment changé.
Tolstoï décrit beaucoup ( mais pas trop) la société russe de l'époque et on a plusieurs échanges politiques entre les personnages qu'on ne comprend pas forcement dans le détail; mais pour ma part, cela reste digeste.

Très vite Stépane Arkadiévitch me fait penser à Colin dans l'écume des jours de Boris Vian, cet être insouciant, riche, qui ne pense qu'à s'amuser. Il monopolise une grande partie du livre, il est partout, c'est le bon ami, le mari volage, mais qui reste néanmoins sympathique, le frère, celui que tout le monde connait car avec Stepane on s'amuse à coup sûr !

Et il y a Anna, sa soeur qui vit simplement mais aisément , s'occupant de sa famille, mariée par raison à un homme plus vieux qu'elle, belle et aimante, ayant bonne réputation, celle que tout le monde envie. Anna, , qui va se noyer dans un amour impossible, qui va tout perdre, sa réputation, son honneur, ses amis, son fils. Qui fini par en vouloir à son amant jusqu'à devenir paranoïaque et névrosée jusqu'à la fin presque shakespearienne. On s'attache tellement à Anna, on la voit évoluer dans ses doutes abyssales , ses regrets infinis, ses peurs excessives ; et personne d'autres ne voit. Anna se décompose littéralement, se fane, se perd....Pour reprendre le parallèle à l'écume des jours, elle me fait penser à la femme de Colin qui se meurt, mais elle c'est pour de vrai ! Sauf qu'ici Vronski ne voit rien....la maladie n'est pas médicale, c'est l'âme d'Anna qui souffre...Et à la fin Colin devient fou, un peu à l'image de Vronski fou de chagrin et de remords.

Tout au long du livre , Tolstoï oppose cette passion coupable d'Anna et du conte Vronski au couple paisible et honnête que forme Levine ( ami de Stepane) et Kitty qui vivent à la campagne , loin de toutes les mondanités de Moscou ou Pétersbourg.
Le livre se termine sur une pensée de Levine qui se dit qu'il va arrêter de se poser trop de questions et simplement chercher à faire le bien chaque jour.

Doit on y voir une morale ? je ne sais pas, je suis juste triste pour Anna.
Il parait que Tolstoï a d'abord écrit une première version où Anna était une femme très antipathique donc punie de son adultère. On retrouve cette moralité chrétienne de Tolstoï avec la comparaison des 2 couples citée plus haut, mais Tolstoï a visiblement changé de point de vue et a préféré pardonner à Anna en la rendant bonne et bienveillante et plongeant avec elle dans ses horribles tourments. Elle n'est plus adultère car antipathique mais par le déroulement des choses de la vie qu'elle n'a pas su maîtriser, rendues de plus difficile par la morale inébranlable, presque grotesque, de son mari, dans ce monde où les mariages étaient encore semi-arrangés.
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