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Critique de Laureneb


Je ne livre que mon interprétation, je ne sais pas si mes hypothèses sont justes selon la propre biographie et les idées de Tolstoï lui-même.
J'ai d'abord eu l'impression que Tolstoï prenait pour héros un musulman tchétchène pour mieux étudier - et critiquer - la société de son temps, tel les Persans de Montesquieu. A première vue, Hadji Mourad est un homme frustre qui parle peu, habillé pauvrement, toujours à cheval, qui ne pense qu'à la guerre. Nous le rencontrons pour la première fois dans la pauvre cabane d'un village. C'est donc une figure de l'altérité, qui serait comme une figure du barbare, face aux Russes incarnant la civilisation. Il y a même quelques touches d'humour dans les incompréhensions mutuelles.
Mais, progressivement, notre regard sur Hadji Mourad change : c'est un homme très pieux, très attaché à sa famille, respectueux de sa mère, parlant plusieurs langues, aux moeurs pures... Par contraste, les Russes semblent avoir dégénéré : les femmes sont honteusement décolletées, les officiers intriguent ou boivent, les simples soldats songent à leur pipe en bois plus qu'à l'honneur du combat... Même l'Empereur apparaît comme un incapable, vaniteux, dominé par ses désirs physiques.
Le coeur du roman semble donc être une réflexion sur l'identité, sur l'identité russe. Qui est digne d'être russe ? L'homme d'honneur, respectueux des normes, des valeurs religieuses, familiales et sociales, ou l'officier brillant qui parle mieux français que russe, qui ne pense qu'à son avancement, et ne voit dans son affectation dans un endroit éloigné qu'un moyen pour progresser dans la carrière, non comme un moyen de servir son pays. Que doit donc être la Russie ? Pour régénérer les moeurs de ses habitants, elle doit donc s'agrandir, intégrer d'autres populations, différentes, "primitives", mais restées pures.
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