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Critique de tagos25


Les 2000 pages de Guerre et Paix représentent pour beaucoup l'un des chef d'oeuvres majeurs de la littérature mondiale. Cité dans de nombreux classements d'ouvrages à lire absolument, ces 2000 pages peuvent rebuter plus d'une personne. S'il est pourtant difficile de « noter » l'oeuvre fleuve de Tolstoi, je pense que chaque lecteur peut se donner 5 étoiles une fois la lecture achevée. Pour ma part, ce fut le temps de lecture accru du au confinement covidien, qui m'a permis de le lire.

Inutile de revenir sur l'histoire, qui est connue ou détaillée dans beaucoup d'autres critiques. Sans reprendre la blague de Woody Allen (« guerre et Paix est un livre qui parle de la Russie »), on pourrait dire simplement que Tolstoï nous présente une fresque d'époque romanesque : l'évolution de nombreuses familles aristocrates russes lors des Guerres napoléoniennes. La force et l'intérêt majeur du livre selon moi, est L Histoire (avec un grand H). En effet Guerre et Paix nous plonge avec grande facilité sur les champs de la bataille d'Austerlitz, sur la fameuse débâcle napoléonienne de la Berezina ainsi que dans l'abandon de Moscou par les russes avant l'arrivée des français.
Des personnages historiques, notamment Napoléon et le tsar Alexandre sont dépeints lors de batailles, de pourparlers mais aussi parfois dans des scènes plus anodines. de plus certains personnages moins connus, tels que Koutouzov, général russe, sont aussi présentes sous plusieurs coutures.
Il est intéressant, en particulier pour les français, de voir Napoléon décrit par une vision russe, celle de Tolstoï, à travers une patriotique, souvent exaltée. le roman donne certainement envie de connaitre plus en détails « la civilisation russe » de l'époque ainsi que les campagnes napoléoniennes.

Le récit historique s'entremêle de nombreuses histoires romancées d'aristocrates russes. Cette aristocratie parle en français fréquemment, avec comme préoccupations majeures : les bals, les plaisirs de tables et de chair, et l'amour (avant que la guerre ne vienne perturber cela en partie). Si Tolstoï réussit à incarner de nombreux débats intéressants à travers ces personnages (la religion, l'amour), j'ai trouvé quelques parties très longues, notamment les histoires d'amour « courtois ». On peut trouver que ces histoires (avec un petit h) sont parfois redondantes et monotones.

On a souvent du mal à critiquer les classiques encensés à l'infini, tels que Guerre et Paix. Pourtant lors de cette narration fleuve, il manque souvent le rythme et le caractère percutant des narratives plus contemporaines. Il est odieux de comparer, mais par exemple, le Pont sur la Drina d'Andric réussit un exercice formidable de mélanger L Histoire et l'histoire sur une longue période de temps, en bien moins de pages.

De plus, s'il est intéressant de présenter la société aristocratique de l'époque, vu les temps pauses de la narration, on pourrait déplorer l'absence de personnages en marge de la société de pouvoir.De nombreuses longueurs parsèment également les descriptions des batailles.

Malgré les longueurs, en s'accrochant bien (je conseille notamment d'avoir en parallèle une liste des relations entre personnages, ceci m'a grandement facilité la compréhension), on retrouve quelques grands moments littéraires : l'explication par le prince Andre de la pertinence occasionnelle de la guerre, quelques visions de la sclérose de la société russe qui présagent au loin la révolution bolchevique (le servage des paysans, immobilité des titres de noblesses). de plus, certaines scènes historiques telles que l'abandon de Moscou par les russes ou le traite de paix entre français et russes, sont décrites de manière magistrale

Lire Guerre et Paix est certainement un accomplissement de lecture, bien que le style ne soit pas complique en soi. Les longueurs apparaissent souvent, et il vaut mieux allouer des séances de lectures de plusieurs heures pour pouvoir rentrer dans l'oeuvre. Si certains moments valent vraiment le détour, je pense qu'un roman plus poignant aurait pu être au rendez-vous avec un longueur plus succincte.
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