AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Presence


Ce tome contient les épisodes 15 à 17, et l'annuel 1, initialement parus en 2013. Les épisodes de la série "Batman & Robin", sont tous écrits par Peter Tomasi. Patrick Gleason dessine les épisodes 15 à 17, encrés par Mick Grey (avec l'aide de Keith Champagne pour l'épisode 16). le numéro annuel 1 est dessiné par Ardian Syaf, et encré par Vicente Cifuentes.

Annuel 1 - Damian Wayne a organisé une chasse aux trésors en Angleterre, au bénéfice de son père (accompagné par Alfred Pennyworth). Pendant ce temps là, il pourchasse le criminel à Gotham, en tenue de Batman.

Épisodes 15 à 17 - Ces épisodes s'insèrent dans un crossover entre les différentes séries gravitant autour du personnage de Batman, intitulé Death of the family. Batman a confié la garde du manoir des Wayne à Damian. Ce dernier refuse de rester sagement à l'abri et se lance à la recherche d'Alfred Pennyworth, ce qui l'amène à une confrontation directe avec Joker.

L'épisode 17 de "Batman" (écrit par Scott Snyder, dessiné par Greg Capullo, et encré par Jonathan Glapion) n'est pas inclus dans ce tome (il était présent dans le recueil VO). Il constitue le dénouement du crossover, et donc contient l'issue de cet affrontement entre Robin et Joker. L'épisode 17 de "Batman & Robin" montre les rêves de ces 2 personnages, après cette épreuve.

Plus les tomes passent, plus le lecteur se dit que la lettre de mission de Peter Tomasi est de faire du remplissage. Il faut dire qu'il a la responsabilité d'une série qui doit développer les relations entre Batman et Robin, alors que Scott Snyder est seul maître de la continuité dans la série Batman, et que Grant Morrison achève d'écrire une des pages de l'histoire du personnage dans Batman Incorporated. Sans parler des autres séries (Detective Comics et The dark knight), il est évident que la marge de manoeuvre de Tomasi est très réduite. C'est la raison pour laquelle le lecteur découvre une chasse au trésor anecdotique (tout le monde aura oublié ce qu'a trouvé Bruce Wayne dès la dernière page tournée), une confrontation Robin/Joker qui ne peut que se terminer en queue de poisson, et un rêve étrange à la portée symbolique toute relative.

Plus les tomes passent, plus le lecteur se dit que Tomasi trouve des plages de liberté inattendues pour faire autre chose que du remplissage. Pour commencer, il s'attache à intégrer avec douceur ses récits dans la continuité. Par exemple dans ce tome, il fait honneur à l'épisode 666 de la série "Batman" au cours du numéro annuel. Lors de la confrontation entre le Joker et Robin, il n'oublie pas non plus leur première rencontre.

Deuxième axe de développement : la relation entre Bruce Wayne et Damian Wayne. Évidemment c'est dans le titre de la série. Alors que le lecteur réprime un bâillement devant l'intrigue dont la résolution est cousue de fil blanc, il retrouve sa pleine conscience dès lors que Tomasi met en lumière les relations entre le père et le fils. Il sait montrer le caractère de Damian Wayne, sans avoir à développer de longues cellules de texte. Il sait montrer en quoi les actions de Damian touchent Bruce Wayne, et en quoi ce dernier modifie son comportement, comment cela change son état d'esprit. Pour un lecteur régulier de Batman, il est impossible de rester de marbre devant ces interactions, aussi touchantes que sensibles.

Troisième bonne idée : il laisse de la place au dessinateur. Évidemment, il s'agit d'une caractéristique qui peut être considérée de 2 manières opposées. Cela veut dire que les scénarios de Tomasi ne sont pas très denses (c'est vrai), mais cela veut aussi dire que les dessinateurs peuvent disposent de pages pour créer des visuels mémorables. Première bonne surprise : Ardian Syaf a évolué dans son approche graphique, pour aboutir à un croisement d'Andy Kubert et de Greg Capullo. À l'évidence, il n'est ni l'un ni l'autre, mais il a su incorporer une partie de leur énergie et de leur capacité à montrer des personnages impressionnants. Ainsi Damian Wayne est à la fois crédible et mignon dans son costume de Batman. Bruce est très élégant et ses expressions du visage sont plutôt nuancées. À la rigueur, on pourra regretter une représentation peu convaincante des animaux fantastiques d'Antoni Gaudi dans le parc Güell à Barcelone.

Vient le tour du dessinateur attitré de la série : Patrick Gleason. Il est possible de lui reprocher l'absence régulière d'arrières plans dans ses planches. Pourtant il est également possible de constater que ce parti pris dans la représentation s'inscrit dans un jeu avec les aplats de noir, et donc participe à une forme de cohérence visuelle du tout.

De page en page, le lecteur s'arrête sur des images qui apportent une vision inoubliable de la séquence. Parmi les plus marquantes, il y a Robin parlant à Titus, perché sur le fauteuil de Batman avec les pieds qui ne touchent pas le sol, il y a un combat en ombres chinoises contre des hyènes dans un zoo. Il y a le Joker la tête en bas, avec son masque de peau à l'envers (une image que je ne suis pas prêt d'oublier de sitôt). Il y a Robin enseveli sous une avalanche de vers et d'asticots, une image plus expressionniste que réaliste, avec une approche très charnelle évoquant Doug Mahnke dans sa minutie. Il y a Damian courant dans les couloirs du manoir Wayne, aux côtés de Titus. Il y a Bruce remontant les couvertures sur Damian endormi, etc.

Alors même que le lecteur se rend compte que ces épisodes servent d'amuse-gueules par rapport aux 2 séries principales de Batman, Peter Tomasi et Patrick Gleason ont trouvé un mode narratif qui met à jour l'intimité de la relation entre Bruce et Damian Wayne, avec sensibilité et efficacité.
Commenter  J’apprécie          90



Ont apprécié cette critique (4)voir plus




{* *}