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Critique de latina


Il est de ces personnes qui vivent leurs derniers jours, leurs derniers mois, dans la haine. Il en est qui se laissent aller, dégoûtés de tout, à quoi bon ? Il en est aussi qui acceptent, admettent et vivent.
Monsieur Jean fait partie de cette dernière catégorie.

Monsieur Jean est enfermé dans son corps. Il ne peut presque plus bouger, parle et déglutit avec difficulté, est incontinent. Dans sa chambre de la maison de repos (ah, l'ironie de ce mot...) où il reste cloitré et refuse tout contact avec les autres pensionnaires lors « d'activités » organisées par les soignants, Monsieur Jean vit. Oui, il vit !

Avec une tendresse infinie et une franchise déconcertante, Monsieur Jean se remémore ses êtres chers : ses parents, à qui il s'adresse souvent en regardant leur photo accrochée au mur, sa femme, morte il y a de cela 50 ans, sa soeur, elle aussi prisonnière de son corps, mais pensionnaire d'une autre maison, qu'il ne reverra plus.
Mais Monsieur Jean est bien ancré dans le présent. Ses enfants, ses grands enfants adultes, ne cessent d'occuper son esprit. Il est heureux quand ils viennent, il se tracasse pour sa fille cadette, surtout, très fermée, très obscure. Il écoute avec une résignation amusée les derniers potins de son ancien amour de jeunesse, Axelle, qui par un caprice du sort, se retrouve dans le même endroit.

Il plonge son regard dans les yeux de ses parents, il caresse du regard les dernières lettres de sa femme.
Il goûte avec volupté le bleu du ciel, ses nuages changeants, ses oiseaux turbulents.
Il jouit de la fraicheur d'une gorgée d'eau, d'un légume dont il retrouve la saveur.
Il s'imprègne de la fragilité du géranium posé sur sa fenêtre.

Monsieur Jean est nostalgique mais serein. Il accepte.
Et moi, je suis émue. Car je pense à mes « vieux » parents, qui sont encore là. Et je me dis que je les aime, et que c'est difficile de leur dire. Et que pourtant il faut leur dire. Leur vie n'a pas été vaine. Comme celle de monsieur Jean, elle est lourde de tous ces petits faits qui permettent d'avancer.
Vers la sagesse ? Oui, pourquoi pas...
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