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Critique de pixton


pixton
13 septembre 2015
Je ne connaissais pas Nick Tosches. babelio m'a permis de le découvrir grâce à l'opération "masse critique", à travers son dernier ouvrage, "Moi et le diable" (Albin Michel), qui sortira en librairie le 1er octobre 2015.
Quelques recherches sur l'auteur m'ont permis de découvrir une bio flatteuse. New yorkais de naissance, Tosches a bourlingué comme il faut, a fait de la musique avec Patti Smith et a écrit avec Hubert Selby Jr. Rien que ça. Je m'attendais donc à du lourd, à de l'extravagant, à de la littérature sauvage, hardcore... Au final, le bilan est mitigé, le verre à moitié vide.

Tout démarre très bien, c'est-à-dire très mal. le héros du récit, Nick lui-même, en tout cas son alter ego de papier, souffre de sérieux problèmes, dont on ne sait d'abord pas grand chose. Ecrit à la première personne, ce récit flamboyant, sombre et poétique met en scène les peurs, les fantasmes extrêmes et les réflexions apocalyptiques de Tosches. Autant le dire d'emblée, si vous n'aimez pas le trash ou si vous cherchez une histoire bien propre, bien carrée, ce n'est pas un livre pour vous. Si vous pensez que 40 nuances de gray parle de SM, vous allez prendre une sacrée claque. Ça saigne, ça gicle, ça fait mal.

La plume de Tosches est magnifique. Ses états d'âme, ses souffrances, les turpitudes de l'écrivain sont écrites de manière éblouissante. C'est un roman inclassable, un OVNI qui part dans toutes les directions, qui cherche à paumer le lecteur. Je n'en attendais pas moins d'un disciple du grand Selby Jr.

En resserrant son récit sur les affres de son personnage, sur l'enfer de l'addiction (des addictions), sur le processus d'écriture, sur la vieillesse de soi et du monde, Nick Tosches avait de quoi nous offrir un chef-d'oeuvre. Certains passages évoquent une poésie noire traversée de fulgurances fantasmagoriques, hallucinées, sanglantes.
Malheureusement, le rythme faiblit à de trop nombreuses reprises. A trop vouloir prendre les chemins de traverse, Tosches s'égare lui-même et perd son personnage. de même, si l'érudition de l'auteur est impressionnante, elle s'étale un peu trop à mon goût. Il y avait matière à décrire une chute vertigineuse, une plongée abyssale dans le SM et dans la folie. A trop chercher le contre-pied, Tosches nous prive du récit que je devinais en filigrane : une histoire de vampires modernes, un mix entre "L'empire des sens" et "American psycho".

Au final, il reste une oeuvre déconcertante, qui ne peut pas laisser indifférent mais qui laisse un goût d'inachevé et de frustration. Comme une clope que quelqu'un aurait laissée se consumer sur le rebord d'un cendrier, comme un verre de whisky oublié sur un comptoir usé...
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