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Critique de carine13400


Je n'ai pas connu Alger, mais j'en ai beaucoup entendu parlé. de ses magnifiques rues, de l'ambiance qui régnait dans le temps. Ses couleurs, ses odeurs, son marché aux fleurs et ses bougainvilliers. Des souvenirs qui m'ont été transmis avec une belle nostalgie. C'est ce qui m'a fait choisir cette lecture. Je pensais que l'auteure me parlerai de la même déchirure. Et même si cela ne fût pas le cas, cette autre déchirure m'a pourtant embarquée et fait ressentir aussi beaucoup d'émotions se superposant même parfois, à celles qui m'ont été contées.

Des instants de vies, des poèmes… Algérie ma déchirure est un hymne à ce pays, à ses habitants. A ces lieux que l'auteur nous conte et nous raconte avec son coeur. Un voyage plein de senteurs aux fragrances du jasmin, aux belles couleurs des aquarelles de Catherine Rossi qui subliment ce livre et le rendent palpable et vivant.

Ce sont les gens à histoires, qui souvent font l'Histoire.

Behja Traversac nous ouvre plusieurs portes sur ses souvenirs sans cependant nous les livrer comme une autobiographie. Certes, elle nous offre des instants de vie, mais elle les effleure du bout de sa plume poétique pour les laisser tout à notre imagination. Elle dévoile, puis se voile… Jusqu'à ce qu'un autre souvenir fasse son apparition et elle repart, habitée par sa mémoire qu'elle laisse fuser sur sa page avec des mots qui formeront un tout. Qu'importe dans quel ordre elle va les partager avec nous, qu'importe de qui, et de quand elle parle, ou de la manière dont elle va nous les conter. Que ce soit en proses, forme de poèmes, au travers d'aquarelles signées Catherine Rossi, ces courts instants sortis tout droit de la mémoire de son coeur ou de longues balades, auront tous une importance et une valeur émotionnelle très forte. C'est beau, c'est juste, c'est touchant. Parfois… désolant ou encore mélancolique. L'auteur nous offre un beau panel de sentiments dans un milieu, un pays et à des époques où il n'était pas si facile d'être une femme… Et qui ne l'est toujours pas. Un pays dont on s'arrache, s'exile, mais dont on ne part vraiment jamais tant il reste ancré dans nos coeurs.

Entre les déchirures, les joies, la beauté d'un pays tendre et violent à la fois. de ses illusions, désillusions, possessions et dépossessions et de ses souffrances…. Behja Traversac nous livre ses souvenirs et se délivre par les mots. Un tas de mots mis sur papier qui deviennent alors une histoire. Son histoire familiale. Celle de son pays, de sa mère, sa grand mère. Celle de son père, ou encore de certaines rencontres au travers de qui, et selon de qui elle parle, nous plonge dans l'Histoire en nous emportant dans un voyage peu commun avec des codes de familles et de certaines conditions vie. Par tous ces petits fragments de souvenirs, l'auteure nous parle de l'Algérie comme une entité à part entière, de vie, de survie, d'indépendance et de guerre. Mais aussi de nombreux moments de bonheurs. Petits ou grands… ils comptes et se racontent.

Mais ce que je retiendrais le plus de ce livre, sera sans aucun doute, son fil conducteur qui a été pour moi, les révélations sur la condition féminine dans ce pays et le combat qu'elles mènent pour leur indépendance depuis des décennies. Ces mêmes femmes très présentes et engagées lors de la guerre d'indépendance et qui peinent à faire entendre leurs Voix.

Au commencement était la voix, pas le mots, la voix. (Adonis)

Entre l'ombre et la lumière. Entre les poèmes qui racontent ce qu'on ne peux raconter et qui deviennent alors eux aussi la Voix que beaucoup taisent, L'algérie ma déchirure peut aussi se voir comme un hommage à ces femmes. Les soumises et les insoumises. Les militantes et les combattantes. La femme d'hier et celle d'aujourd'hui avec le grand espoir qu'un jour leur voix porte assez, et qui, comme celle de la mère de Behja Traversac malgré les obstacle saura dire NON.

Un grand merci à La Masse Critique Babelio pour l'envoi de ce service presse papier qui est d'une grand qualité. Merci à l'auteure pour ce magnifique voyage livresque ainsi qu'à Catherine Rossi pour toutes ses magnifiques aquarelles qui magnifient les pages et dont je ne me lasse pas de les apprécier.
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