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Critique de Kousai


Ayant assisté à une présentation de l'ouvrage par les deux auteurs, dont c'est la première BD pour chacun, j'avais certaines attentes, notamment dans l'aspect vulgarisation : ils avaient insisté sur l'aspect réel de leur oeuvre, avec très peu de fiction, qui serait caractérisée uniquement par le personnage de Line.
Malheureusement, je suis assez déçue. le seul aspect réel est la tension géopolitique (pro-ukrainien versus pro-russe) dont les informations les plus intéressantes se trouvent dans la double page d'explication à la fin de l'ouvrage.
Le reste est très fictionnel, notamment l'événement pertubateur. Et la finesse de ce dernier... La création d'un virus par un pays d'Asie, vraiment ? Post COVID 19, avec toutes les théories du complot qu'il y a pu avoir ?
Sans compter que ce virus est présenté comme une arme défensive contre la Chine ET qui soit rester secrète. Une arme défensive ne doit-elle pas logiquement DISSUADER l'adversaire, donc être connue de ce dernier ?
D'où l'incohérence majeure d'avoir pris un virus comme arme défensive : si on s'en sert comme dissuasion, donc qu'on la fait connaître, la communauté internationale va tomber immédiatement sur le pays. Si on ne l'a harde secret, ce n'est plus une arme défensive, comme présenté dans l'ouvrage.
Une quelconque autre arme expérimentale aurait été plus logique.
C'est l'un des points les plus dommageables : il y avait une multitude d'angle scénaristique, plus concrets, s'inspirant de faits réels, que celui du virus crée en laboratoire, et c'est étonnant qu'un spécialiste de la géopolitique vietniamienne aait choisi celui-ci.
Soulignons également l'incohérence du récit dans l'utilisation des prostituées pour faire les tests du virus : pourquoi uniquement des femmes et qui plus est, des prostituées ? Pourquoi pas des pauvres, tout genre confondu, homme, femme, enfant, vieillard, dont la disparition ne sera pas plus remarquée ? Pourquoi représenter les prostituées mortes nues, alors que si elles ont été infectées, elles peuvent très bien restees habillées et empilées dans des hangars abandonnés ? A quoi sert cette volonté de montrer des corps nus, surtout féminins, morts, avec un voyeurisme morbide ? Cela n'appuie en rien l'histoire et est même incohérent.
L'héroïne n'échappe pas non plus à une sur-representation de son corps, sans que cela ait d'explication ou d'utilité. Sans parler du fait qu'elle semble victime de la situation, manipulée, plus ballottée par les évènements qu'actrice. Dans des présentations de "Rouge Sang", il est dit que le but était d'en faire une femme post "me too"... Faudrait-il que les auteurs aient compris le sens de ce mouvement ! Peut-être vaudrait il mieux respecter les femmes en général et la façon dont de les représentez.

D'un point de vue plus structurel, la construction du récit en elle même souffre du fait que l'oeuvre devait à la base être produite au cinéma : nous n'avons pas l'impression de lire une BD, mais plutôt de voir des captures d'écran d'un film, mises les unes à la suite des autres sans transition, ce qui empêche une lecture fluide. La case finale, à l'ONU , arrive comme un cheveux sur la soupe.

Bref, une grande déception, sur un thème qui m'intéressait pourtant beaucoup. Peu d'informations réelles sur le thème annoncé, des choix visuels et narratifs douteux, et le fantôme du film non réalisé qui hante et supplante la BD.
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