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Critique de AndreeLaPapivore


C'est la première fois que je lis un roman noir sud-américain, et je dois dire que Bioy ne m'a pas laissé indifférente. L'intrigue est somme tout assez classique - un jeune homme qui veut venger sa mère - mais le traitement en est vraiment original : descriptions cinématographiques, pages de blog, journal intime, confession, énumérations, témoignages ou propos décousus d'une femme ayant perdu l'esprit sont autant de moyens de rendre compte, avec plus ou moins de distanciation, d'une histoire qui se met en place par à-coups, depuis les horreurs perpétrées en 1986 jusqu'au dramatique final de 2008.
La lecture de ce roman n'est pas facile. Je le reconnais, j'ai eu beaucoup de mal. Mais cela en valait la peine. Après un premier tiers de roman extrêmement dur, aux descriptions insoutenables - au point que je me suis demandée si j'arriverai à le lire jusqu'au bout - le ton s'est "adouci", c'est-à-dire qu'il est resté dans les limites du supportable, du moins en ce qui me concerne. Massacres, torture, viols collectifs, rien ne nous est épargné ; le Pérou nous est présenté comme un pays gangréné par la violence et la corruption, où drogue et alcool sont omniprésents et où l'on sent bien que les traumatismes du passé sont loin d'être réglés.
Le récit est complexe, le ton employé difficile à suivre, mais les émotions sont là, bien présentes tout au long de la lecture. J'ai ressenti un grand malaise en lisant Bioy, face à ce déchaînement de violence physique et morale, mais j'ai également ressenti de la beauté dans le texte, à l'image de la citation suivante :
« Car c'est alors que tu entends ce nom sur ses lèvres, ce triste nom qui te désarme et te paralyse et te restitue l'innocence et la peur, ces quatre lettres qui ouvrent les portes closes de ta sombre mémoire et te font suffoquer de chagrin - pour cette femme enterrée, pour ce jeune homme enterré, pour ce pays enterré à côté de ses morts, pays de cadavres, montagnes de cadavres nus sous terre, cadavres oubliés, cadavres décomposés, cadavres nauséabonds, putrides, dans un état pitoyable, cadavres sans deuil, cadavres sans Dieu, cadavres perdus dans les limbes éternels des fosses communes, les uns sur les autres comme des troupeaux pestilentiels, cadavres vivants, cadavres amnésiques, cadavres errants, qui ne savent pas qu'ils sont morts [...] ».
Bioy est le premier roman traduit en français de Diego Trelles Paz. Je serai curieuse de découvrir le reste de son oeuvre, si jamais elle venait à être traduite...
Lien : http://andree-la-papivore.bl..
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