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Critique de ElGatoMalo


Un album cartonné d'une quarantaine de pages dont trente et une en bande dessinée et quatre consacrées à l'énoncé "écrit" d'un certain nombre d'exercices que l'on peut éventuellement effectuer soi-même. Faire par soi-même quelque chose, c'est la bonne méthode pour comprendre les processus et les procédés. Rien ne vaut la pratique et rien ne vaut la mise en pratique immédiate de ce que l'on explique. Donner un exemple - faire une démonstration - éclaire bien plus efficacement que de longues explications obscures.

Sergio García Sánchez qui est souvent un compagnon de route sur les chemins de la narration visuelle de son compère Lewis Trondheim, semble avoir déjà donné dans le thème de 'je raconte comment on fait une BD'. Ici, cela fonctionne comme un dialogue (socratique ?) entre les deux auteurs qui se sont représentés eux-même. le résultat est assez variable. Tant qu'ils restent dans les limites de leur expérience, de leur gout et d'une pratique personnelle de la bande dessinée, le contenu ne manque pas d'intérêt. On apprend et l'on comprend beaucoup de choses surtout grâce aux exemples en situation qui illustrent leurs propos. Cependant, quand ils glissent sur les territoires plus spécifiques de l'histoire de l'art, ou encore de la sociologie de l'art ou même de la technique pure du dessin, les affirmations deviennent plus (très) discutables. En particulier sur les représentations de l'espace dans ce qu'ils nomment les civilisations primitives rapprochées du dessin d'enfant ou encore sur la perspective linéaire qui reste, malheureusement, présentée comme un mécanisme plus que comme une problématique (ce qui est décevant quand on sait la virtuosité avec laquelle Lewis Trondheim a représenté l'espace, justement, dans La Mouche). Il ne s'agit pas de lacunes mais de points de vue superficiels qui n'apportent rien sinon un défaut d'interprétation au niveau du vocabulaire et des notions qu'il recouvre. Ce qui peut laisser des traces gênantes sur le public visé. En l'occurrence, un jeune lectorat (enfin, je suppose). J'ai même relevé un problème conceptuel. Il est question, dans l'énoncé des différents types de dessins, de "représentation abstraite". Ce qui est un paradoxe, ou une impossibilité. Il faut être raisonnable : ce qui est est "abstrait" dans le domaine des arts visuels, c'est bien tout ce qui ne "représente" rien, justement. Il y a confusion avec ce que l'on pourrait nommer une schématisation ou encore une stylisation (confusion qui peut se comprendre quand on sait comment la genèse de l'art abstrait est enseignée dans nos écoles). de mon point de vue, professionnel, puisque c'est mon domaine de compétence, c'est très ennuyeux car ce dérapage s'appuie sur une notoriété et une position d'artiste "professionnel" qui lui donne une sorte de garantie de véracité, une validité, qui n'a pas lieu d'être.
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