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Critique de Tzomborgha


Associer ce livre admirable (mais trop petit) aux strictes principes de la bande-dessinée n'a rien de spécialement évident: La proposition de l'auteur se situe sur un intervalle voisin, puisqu'elle se ménage un espace au croisement de plusieurs formes littéraires, dont bien sûr la bande-dessinée, mais aussi l'encyclopédie, l'herbier, et pourquoi pas le cut-up.

Chaque double page du livre est occupée par une sélection de spécimens appartenants à une catégorie précise des phénomènes visibles de notre monde.
En tournant une page, le lecteur découvre chaque fois un nouveau petit univers autonome, que ce soit celui des planètes, des papillons, des boissons énergisantes, des cellules cancéreuses, des jouets pour garçons, des fils barbelés, etc, etc…
L'énumération se veut encyclopédique sans rien ignorer de sa fatale non-exhaustivité, et en organisant la succession des doubles-pages de son livre, l'auteur suggère une intention éditoriale et esquisse relations et analogies entre chaque planches.
Avec pour carburant l'absence bienvenue de tout commentaire, des liens de causalité ou des télescopages sémantiques inattendus s'opèrent à mesure que nous feuilletons cet ouvrage piégé. le principe s'amorce en tout cas dès la première planche consacrée aux manifestations de l'"industrie" humaine. Dès lors, on ne pourra réprimer l'envie de tisser des liens de cause à effet entre chaque double page, et ainsi de contextualiser chaque éléments dans le fil de la lecture.
On pourra trouver quelques associations un peu trop dirigées (Des godemichets suivis de Statuettes de la Vierge), mais puisqu'il s'agit d'un inventaire…

Ce dispositif rhétorique est déjà passionnant, or le remarquable travail plastique de l'auteur, non content d'y contribuer totalement, ajoute également une dimension formelle à l'interprétation qui peut en être faite: Crayonnés, aquarelles, jeux d'encrages et de surfaces, découpages et montages fournissent un autre inventaire en filigrane qui autorise une lecture plus détaillée, et donc ralentie, des motifs rassemblés dans l'ouvrage.
On peut donc se retrouver à chercher du sens partout, y compris dans le choix des techniques appliquées à tel ou tel sujet.
On est pris au piège dans l'énumération naturaliste, hypnotisés par les variations d'un même thème, plongés dans les analogies, et fondamentalement immergés dans le processus même de la lecture d'un livre, dont on tourne les pages une à une.

La figure de style singulière et parfaitement maîtrisée.
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