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Critique de TerrainsVagues


Un petit voyage dans les Caraïbes, ça vous dit?
Bon, faut que je vous dise qu'on ne va pas aller se prélasser sous les cocotiers aux Bahamas ou aux Antilles, on ne va pas avoir le cigare du coté de la Havane ni siroter un rhum jamaïcain les pieds dans une eau turquoise. Non, nous allons aller juste en face de Kingston, à quelques 500 kilomètres plus à l'est dans la mer des Caraïbes, là où est né et où habite Lyonel Trouillot, poète, romancier, journaliste et professeur de littérature, auteur d' « Antoine des Gommiers ».
Si le voyage vous tente toujours alors embarquement immédiat pour l'un des pays les plus pauvres de la planète, un pays où la misère est accompagnée régulièrement de catastrophes naturelles. Bienvenue à Haïti et dans les bidonvilles de sa capitale, Port au Prince.

Dès votre arrivée vous serez accueillis par Franky et Ti Tony, deux frères habitant l'un des corridors (plus présentable que bidonville comme nom) d'un quartier de Port au Prince délaissé des dieux.
Ti Tony vous servira de guide avec de belles excursions au coeur de la débrouille ou au sein d'amitiés sincères avec des chefs de gang et autres bandits au coeur tendre.
Franky lui, vous mènera à travers les âges et les légendes familiales. Franky, c'est l'amoureux des mots, le littéraire de ce qui reste de la famille, c'est le rêveur, celui qui couche l'histoire de son ancêtre sur le papier.
Franky vous contera Antoine des Gommiers, grand devin d'Haïti, son arrière grand père, reconnu et respecté pour sa sagesse pendant que Ti Tony, plus terre à terre, s'occupera du tout venant.
Vous serez invités à réfléchir à la devise de l'aieul, l'important n'est pas ce que tu vois ou entends mais ce que tu en fais.

Lyonel Trouillot offre avec ce roman une escapade poétique des plus réussies en cale de galère battant pavillon Pauvreté. A l'odeur du dénuement, vient s'imposer le parfum du coeur et de l'amour, de l'amitié. Des effluves de derrière les masques.
C'est écrit juste, sans figures de style pour faire de l'esbroufe ou du volume, c'est écrit magnifiquement. du poétique, y en a malgré la dureté des situations, malgré le mépris de la vie pour ces gens de rien. Un contraste doux amer du plus bel effet aux frissons du ressenti.
Et que dur les moments doux ou que ne durent les moments d'où comme disait presque l'autre…

Pour une fois je vais citer les derniers mots de l'éditeur (Actes Sud) car je ne saurai en avoir de plus justes pour définir ce bouquin :
« Mais quelle est l'essence des récits d'une vie quand elle n'a pas d'avenir ? Avec quelle arme ou quelle faiblesse se construit-on une intériorité, dans les corridors comme ailleurs ? Et quelle est la couleur de la beauté , celle de l'amour, si ce n'est celle que les conteurs et autres rêveurs portent à l'infini ? »

Un coup de coeur ? Non. Un coup au coeur.
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