AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de berni_29


C'est à la faveur d'un challenge sur Babelio que j'ai lu ce roman médiéval, Yvain ou le Chevalier au lion, écrit à la fin du XIIème siècle par Chrétien de Troyes.
Nous voici plongés à la cour du roi Arthur. Yvain est un chevalier de la Table Ronde. Lors d'un banquet, son cousin Calogrenant raconte un récit de son aventure en forêt de Brocéliande, qui s'acheva par sa défaite. Yvain est fou de rage et décide d'aller venger son cousin. Il se rend alors auprès de la fontaine magique et refait les mêmes gestes que son cousin : il renverse de l'eau sur son perron, déclenchant ainsi aussitôt une tempête effroyable ainsi que l'ire du seigneur qui garde cette fontaine, un certain Esclados le Roux. S'ensuit un combat sans pitié entre les deux chevaliers. Yvain ressort de ce duel vainqueur en tuant Esclados le Roux. À son enterrement, Yvain aperçoit sa veuve éplorée, Dame Laudine, qui n'attend qu'une chose, se venger. Il en tombe aussitôt éperdument amoureux. Grâce à l'aide de Lunette, servante de Dame Laudine, - qui voit mieux les choses que personne et dont l'auteur nous précise qu'elle était futée comme une Bretonne, il va échapper aux gardes et envisager d'accomplir son dessein amoureux... La suite du roman n'est que cavalcades, combats, épreuves et péripéties, où se déploie l'honneur, où ferraille l'épée, ou vacille le coeur...
Sorti tout droit de l'univers enchanteur et mythique des chevaliers de la Table Ronde, ce texte laisse entrer dans ses pages le fantastique comme un vent de fraîcheur. Ainsi il ne faut pas s'étonner de voir brusquement surgir ici un anneau qui rend invisible, là un autre anneau qui rend invulnérable. Ne vous étonnez pas si vous rencontrez sur votre route un paysan haut de dix-sept pieds qui vous indiquera le chemin le plus court pour parvenir à la fameuse fontaine magique ou bien encore un lion en Bretagne. Ici l'Autre monde jouxte celui des vivants. Bien sûr, je n'oublie pas cet onguent magique qui guérit de la folie, invention de la fée Morgane...
Mais surtout il y a un thème ici intemporel, traité de manière noble et délicieuse, celui de l'amour...
À l'origine, Chrétien de Troyes écrivit ce livre en vers octosyllabiques, inspiré des légendes arthuriennes. Il offrait ainsi une manière nouvelle de rompre avec les chansons de geste en proposant peut-être pour la première fois l'idée de ce que sera le roman dans sa forme moderne. On peut donc qualifier Chrétien de Troyes de créateur du genre. À ce titre, ce roman appartient donc à une oeuvre fondatrice.
La version que j'ai lue est une traduction en prose française moderne de Claude-Alain Chevallier et m'a aidé à entrer dans le tourbillon fou de cette histoire qui ressemble à s'y méprendre au rythme endiablé d'une bande dessinée. D'ailleurs, le récit ravira autant les petits que les grands.
Mais une fois écarté le voile fantastique, une fois laissées dernière nous les scènes de bataille, nous pénétrons dans les cours d'une société raffinée, faite d'élégance et de culture, où la femme est à la fois entourée d'un vif respect et fait l'objet d'un véritable culte. C'est sans doute davantage un monde idéal qui est dépeint ici, un monde embelli, imaginé, mais avant tout un monde désiré... Ici les mariages sont dictés autant par l'amour que par la nécessité politique.
Nobles lecteurs, permettez-moi d'espérer être pour vous ce soir ce preux chroniqueur qui vous donnera envie de venir vous pencher sur le perron de la fontaine magique...
Commenter  J’apprécie          454



Ont apprécié cette critique (37)voir plus




{* *}