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Critique de peloignon


Avant que la Renaissance trouve son âge d'or dans l'Antiquité, ce qui sera qualifié de bas Moyen-Âge le trouvera dans les légendes arthuriennes du haut Moyen-Âge et c'est à partir de ces légendes que seront élaborés les premiers romans par Chrétien de Troyes à la fin du XIIe siècle.
Cette invention du roman s'est faite par le coup de génie de ce traducteur virtuose qui ne s'est pas contenté de traduire quelques légendes en sa langue, mais les a transposées dans un tout autre esprit qui exigeait un tout nouveau genre d'écriture où l'on ne se contente pas de « rêves, de fables ni de mensonges ». (31) Évidemment, cela n'empêchera en rien son auteur de mettre en scène un paysan qui « avait bien dix-sept pieds de hauteur » (34), un anneau qui rend invisible (51) ou un lion en Bretagne.
Les personnages suivent leur destin qui les conditionne absolument, laissant le champ libre à la naïve poésie pleine de charme qui accompagne tout le récit. On en trouve le plus joli exemple lorsque « Amour…attaque Yvain doucement en le frappant au coeur par les yeux », elle lui inflige alors une plus profonde blessure qu'un coup d'épée, qui « cicatrise très vite, dès qu'un médecin s'en occupe, tandis que la blessure d'Amour empire plus elle est près de son médecin. » (60)
Ce roman, d'abord récit d'aventure, d'amour et de folie est capables de plaire à tous les publics parce que Chrétien sait se limiter pour s'assurer de lui plaire. le public, en effet, ne saurait apprécier quelques vérités trop sublimes pour lui. Par exemple, sur le thème de l'amour Chrétien nous dit : « je pourrais vous parler si longtemps que je n'en finirais pas d'aujourd'hui, s'il vous plaisait de m'écouter; mais quelqu'un s'empresserait peut-être de déclarer que je vous entretiens de futilités. C'est que les gens ne sont plus amoureux, et n'aiment plus comme ils le faisaient autrefois. Ils ne veulent même plus en entendre parler. » (161) On peut aussi aisément comprendre que le même motif se cache derrière les protestations de Chrétien que la vérité transcende parfois toute expression possible : « la langue ne saurait décrire tous les témoignages d'honneur qu'un gentilhomme sait donner » (46), « ces cris, manifestations d'un chagrin que je renonce à décrire, car personne ne pourrait le faire, et de plus, jamais un [chagrin] semblable n'a été raconté dans un livre » (55), « la tempête fut si terrible que nul ne pourrait en raconter le dixième » (188-189).
Et d'ailleurs, moi-même, je n'en finirais pas de parler aujourd'hui si il me fallait donner toutes mes impressions sur ce délicieux roman, alors je souhaite à tous preux lecteurs et nobles lectrices de trouver le loisir nécessaire afin d'apprécier cet immortel ouvrage.
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