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Critique de Diabolau


Avec la chronique fanatique de Pierre des Vaux-de-Cernay (historia albigensis), et celle de Guillaume de Puylaurens, voici le principal témoignage qui nous reste de la croisade contre les cathares. Aussi, c'est peu de dire qu'elle a été exploitée ad nauseam par tous les historiens du sujet, ce qui est bien logique.
Cette "canso" (chanson, en occitan) a la particularité d'avoir été commencée par une personne, et terminée par une autre.
D'abord, par Guillaume de Tudèle, clerc au service de Baudouin de Toulouse, le puîné mal aimé qui trahit son frère Raymond VI de Toulouse pour se ranger au côté de Simon de Montfort, et qui, pour prix de sa trahison, fut pendu à un arbre par son frère en 1214. Baudouin avait été élevé en France, bien loin des accointances cathares de son frère aîné. Une première partie résolument favorable sinon à la croisade, tout du moins à la religion catholique, et très défavorable aux hérétiques, même si elle dénonce les massacres, et qui se termine en 1212.
Puis, c'est un poète anonyme qui prend la parole, aux intonations plus lyriques et nettement plus enflammées, et, changement radical, il s'agit d'un patriote occitan qui n'a pas de mots assez durs pour qualifier Montfort et son invasion, et qui rivalise de dithyrambes sur les faydits (chevaliers proscrits) et les autres défenseurs du Languedoc. Évidemment, cela reste une chanson (dont il est intéressant de voir les routines revenir systématiquement, comme à chaque combat par exemple), et il convient de ne pas la prendre pour argent comptant. Les compagnons de Montfort, presque tous sans exception, sont présentés comme des hommes sages qui n'ont de cesse de lui dire qu'il va trop loin, qu'il n'est pas légitime, qu'il devrait laisser Toulouse tranquille et se contenter de Carcassonne... Cette volonté manifeste de charger le chef de la croisade de tous les maux et de toutes les responsabilités prête à sourire, quand on sait l'ordure qu'était Foucaud de Berzy, pourtant présenté comme un sage conseiller.
Mais quelle meilleure manière de délégitimer une entreprise, que de la remettre en cause par la bouche même de ceux qui l'entreprennent ? C'est en cela surtout que cette deuxième partie de la chanson paraît être oeuvre de propagande, au même titre que celle de Pierre des Vaux-de-Cernay en était une pour l'autre camp. C'est de bonne guerre, me direz-vous.
Notons également que cet auteur anonyme, dont la chronique prend fin en 1219, à l'issue du siège avorté de Toulouse par le dauphin de France Louis VIII, ne mentionne quasiment jamais l'hérésie, considérant dès lors qu'il ne s'agit plus d'une croisade, mais d'une guerre de conquête. Et cela, par contre, apparaît comme on ne peut plus près de la réalité.
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