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Critique de MadameTapioca


Après les 5 livres autobiographiques de Tully, les éditions du Sonneur nous font un nouveau cadeau en publiant un de ses romans, paru en 1935.

Tully a toujours écrit sur les lieux en marge et sur les hommes et les femmes qui les peuplent. Son « Cycle des bas-fonds » amenait les lecteurs sur les rings de boxe, à bord des trains de marchandises, sous les chapiteaux de cirque, dans les orphelinats… Il semble donc naturel qu'il nous ouvre à présent les portes d'une maison close.

Lors de sa parution, le livre fit scandale. Exemplaires détruits par la police, éditeur condamné, interdit au Canada : l'ouvrage est jugé obscène. Selon les normes actuelles, on a bien évidemment un peu de mal à comprendre ce jugement car dans cette histoire de femmes travaillant dans un bordel, il n'y a pas une seule scène de sexe. Mais l'on perçoit bien le côté « poil à gratter » de Tully qui avec sa représentation franche de la prostitution et de ses clients respectables, a dû bousculer les ligues de vertu américaines.

« Belles de nuit » suit Leora, l'ainée d'une famille irlandaise de neuf enfants installée dans l'Ohio. Cette gamine rebelle, rejette rapidement le destin qui devrait être le sien. Pas question d'accepter comme sa mère la violence d'un mari et les grossesses à répétition qui vous tuent à petit feu. Elle profite de son physique éblouissant pour s'essayer à la prostitution occasionnelle. Mais Leora a surtout une tête bien faite et comprend rapidement qu'en utilisant les hommes riches, elle peut gagner de l'argent et échapper à son milieu. Adieu l'Ohio, direction Chicago et la maison close de Madame Rosenbloom.

Tully ne décrit pas une prostitution misérable. Chez Madame Rosenbloom c'est du haut de gamme. L'hygiène est irréprochable, les clients sont des hommes socialement respectables et la mère maquerelle est presque une mère. Aucune fille ne se plaint de son métier et c'est d'ailleurs souvent un tremplin pour faire un très bon mariage. Finalement Tully nous parle moins de prostitution que de l'intelligence de ces femmes qui ont pris le pouvoir sur une société qui les prédestinait à la misère.

Anecdote : Mon libraire (avec lequel je partage la même Tullymania) me faisait part de son incompréhension face à la difficulté qu'il rencontre à vendre les livres de Tully alors que les mêmes clients achèteraient n'importe quoi du moment que c'est signé Jack London. Incompréhension que bien évidemment je partage et au risque de me répéter, je vous encourage une nouvelle fois à lire Jim.

Dites donc les éditions du Sonneur ? C'est quand le prochain Tully ?

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