AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de NanouAnne25


Aujourd'hui, un élève de 15 ans est venu travailler son CV sur un ordinateur du CDI. C'était pour une recherche de stage inhérent à sa formation. Il m'a demandé mon avis. J'ai remarqué la rubrique "bénévolat" à la fin de son CV, où il explique que cet été, il a, par l'intermédiaire d'une association, aidé des sans-domicile-fixe à nettoyer leurs camps et les a nourris. Intriguée par cette belle initiative, je demande un peu plus de précisions. Il me dit qu'il s'agissait de migrants. Je lui demande alors ce qui l'a poussé à faire cette belle oeuvre. "J'ai vécu ça, Madame, les camps, la saleté, les déchets partout, alors je voulais les aider à tout nettoyer dans leur camp, là-bas, dans la forêt"...Coup en plein coeur...Grosse bataille intérieure : non, Anne, contiens tes larmes, ne pleure pas là d'un coup devant l'élève qui se demandera ce qui se passe, ne pense pas au fait qu'il a 15 ans aujourd'hui, est dans une situation stable-précaire, et a donc vécu cette misère pendant son enfance... "Madame, je peux imprimer mon CV?"... "Oui, bien sûr, imprime-en autant que tu en as besoin..."

Quel écho à ce roman que je suis en train de lire et qui me bouleverse tellement! Et dire que s'il n'avait pas été dans la sélection du prix littéraire local auquel je participe avec mes élèves, je serais certainement passée à côté!
Bravo à Emilie et sa famille d'avoir pris l'initiative d'accueillir un réfugié chez eux pendant 9 mois. Cette histoire, c'est une bouffée d'humanité et de bonté, de valeurs et de partage. C'est aussi de la souffrance, celle de voir un humain se battre pour vivre, ou survivre, sans nouvelles de sa famille. Emilie d'ailleurs est hantée par cette question, où est la mère de Reza? Est-elle encore en vie?
Il y a des vérités dans ce roman, et des préjugés qui méritent qu'on s'y arrête pour les casser. Emilie a l'honnêteté de reconnaître que lorsqu'elle entend Reza buter sur les mots en français, elle ne peut s'empêcher de penser que son esprit est limité, "pauvre, incapable de subtilité et de nuances". Comme elle l'écrit si bien, "on oublie que celui qui bredouille une langue en parle couramment une autre, la sienne". Ah ça c'est sûr, si on me demandait de parler en dari, la langue de Reza...ne serait-ce que l'alphabet : des hiéroglyphes pour moi! Bref, cette réflexion de l'auteure m'a interpellée.

Voilà, j'arrive au bout de ce livre magnifique. J'ai eu les larmes aux yeux à plusieurs reprises, comme aujourd'hui avec mon élève. Les larmes, "la lessive des sentiments" comme le dit un proverbe...

Alors je ne peux que vous encourager à ne pas passer à côté de ce très beau roman.
Commenter  J’apprécie          124



Ont apprécié cette critique (11)voir plus




{* *}