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Critique de fabienne2909


Quand on choisit un livre sur sa jolie couverture, c'est comme jouer au loto, ou ouvrir la boîte de chocolats de Forrest Gump : on ne sait jamais sur quoi on va tomber. Soit on est chanceux, et on tombe sur une perle ; soit on perd, et on tombe sur un os (ici, en l'occurrence, de baleine).

L'os de baleine, métaphore un peu maladroite (désolée…) pour faire le lien avec « Créatures » de Crissy van Meter, qui s'ouvre avec la description du cadavre d'une baleine dans l'une des baies de Winter Island, une île située au large de Los Angeles. Mauvaise augure pour le mariage d'Evie, le personnage principal de ce roman, qui doit avoir lieu le lendemain. Surtout qu'outre la baleine, arrive aussi la mère de celle-ci, qui n'a eu de cesse de l'abandonner depuis qu'elle est toute petite et avec qui les relations sont plus que tendues, mêlées d'amour mais aussi de ressentiment… Cette étrange veille de noces sera l'occasion pour Evie de se remémorer des souvenirs plus ou moins heureux de sa vie, selon une chronologie plus ou moins facile à suivre pour le lecteur, puisqu'en plein milieu du roman, on fait un saut en avant d'une décennie pour en savoir plus sur son mariage et les déboires qu'elle connaîtra avec son mari.

Car des déboires sentimentaux, Evie en a connus, elle qui se décrit comme capable de n'aimer que des personnes égoïstes et tournées vers elles-mêmes : élevée par un père alcoolique et drogué, un loser absolument pas fiable qui la décevra et la trahira constamment, tout en lui faisant vivre une vie de bohème pas très structurante pour une adolescente – déjà que l'île sur laquelle ils vivent n'est pas si facile à vivre, étant certes un lieu de tourisme, mais aussi régulièrement battue par les vents et les tempêtes spectaculaires –, une mère absente qui ne tiendra jamais aucune des nombreuses promesses qu'elle lui aura faites, Rook, sa meilleure amie qui la trahira elle aussi… Evie connaît donc trahison sur trahison, ce qui la rendra froide en apparence, et assez renfermée.
Mais « Créatures » est aussi le portrait d'une femme à la résilience incroyable, qui choisira de taire ses douleurs pour continuer à aimer ses proches (comment y arrive-t-elle tant de fois ?), qui cherchera à combler ses manques en cherchant dans les créatures marines, en premier lieu les baleines qu'elle étudie pour son métier (elle est chercheuse à l'Institut de la mer de Winter Island) les réponses à ses questions : d'où vient l'amour et à quoi peut-il bien ressembler ?

« Créatures » est ainsi le roman d'une enfant, puis d'une femme en recherche d'amour : celui envers des parents si imparfaits mais qui l'aimèrent pourtant comme ils l'ont pu ; celui envers une île qu'elle ne pourra jamais quitter malgré ses nombreux défauts ; envers un mari et une amie qu'on ne sait plus comment aimer après la trahison.

L'écriture de ce roman est à l'image d'Evie : sèche, tendue, aride en surface, mais porteuse d'une forte puissance évocatrice, des éléments d'une part (on sent les embruns, la mer, on a presque l'impression d'avoir les cheveux poisseux de sel), mais aussi des sentiments qui traversent une femme sans qu'elle sache bien les définir ni comment les ressentir.
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