AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Antiigone


« Victimes, nous vous croyons, vous n'y êtes pour rien. C'est elle ou lui, le coupable, et la loi interdit les violences ! »

Une bande dessinée essentielle sur les violences conjugales et les personnalités toxiques au quotidien. Un sujet qui m'est cher et que je me réjouis de voir abordé de plus en plus au sein de la littérature !

J'adore les dessins de Fanny Vella et les valeurs qu'elle véhicule à travers ses ouvrages. Connue avec « On l'appelait Vermicelle », je retrouve ici cette expression des émotions très vivantes et des personnages bien définis. le choix du noir et blanc illustre parfaitement, selon moi, les journées pesantes et monochromes des victimes. Et soudain, l'ombre prend toute la place sur la page et c'est le passage à l'acte, la phrase de trop, l'irréparable.

Camille, la vingtaine et étudiante en BTS, fait face à un homme violent, un homme qui la dévalorise, un homme qui se joue d'elle et la manipule avec ses mots tantôt doux, tantôt tranchants. Mais un homme qu'elle aime éperdument. Son entourage se rend bien compte que quelque chose ne tourne pas rond et tente de lui faire prendre son envol hors de ce nid d'amour et de haine. L'emprise s'installe peu à peu, sans crier gare, jusqu'au point de non-retour. Ce « Seuil » du titre, qui est aussi le seuil de la porte de l'appartement de Camille qui, dès qu'elle se ferme, laisse place aux pires tourments sans que personne ne puisse le voir...

On peut facilement s'identifier aux personnages. Et si Camille, c'était cette collègue de travail, cet ami qui se renferme sur lui-même depuis quelque temps, ce voisin, cette commerçante de quartier avec qui on échange quelques mots et des sourires cordiaux ? Ou même nous ? Car nul n'est épargné par les individus manipulateurs, toxiques – ou perverses narcissiques si on aime les mots à la mode – et violents physiquement et verbalement.

Tout y est, dans cette BD. J'ai entendu chaque mot du bourreau de Camille lorsque mes proches et mes patients me racontaient ce genre de situations. Réaliste, percutant, on comprend bien que la situation est bien plus compliquée qu'il n'y paraît et que ce jouent des processus psychologiques longs et difficiles à comprendre, à démêler pour briser ses chaînes. Camille parviendra-t-elle à se défaire de cette relation ?

Fanny nous montre combien les proches sont importants pour briser ce cycle de la violence. Aussi, ils peuvent être démunis face à cette situation. Comme y faire face ? Comment aider la victime ? Les amis de Camille, qui est heureusement bien entourée, ce qui n'est pas forcément le cas de tout le monde dans ce genre de situations malheureusement, donnent des pistes de réflexion. de même, elle met en scène le point de vue de la société face aux violences conjugales et les incompréhensions qui peuvent freiner le processus de résilience de la victime. « Bah oui, si la victime reste avec son bourreau ou retourne régulièrement vers lui, c'est qu'elle cherche un peu les em*erdes et qu'elle doit aimer ça, non ? » Comprenez bien là l'ironie de la chose et son aspect destructeur. le chemin à parcourir pour prendre en compte les violences conjugales est encore long… mais heureusement, grâce à des ouvrages comme celui-ci, on avance !

Des ressources sont disponibles en fin d'ouvrage pour mieux comprendre le mécanisme de la violence et nous orienter vers les organismes compétents.

Pour conclure, une excellente bande dessinée qui traite d'un sujet actuel et essentiel avec beaucoup d'humanité, sans tabous. Les dessins vivants et remplis d'émotions de Fanny Vella sont poignants et parfaits pour illustrer les violences conjugales et les personnalités toxiques. Je vous la recommande vivement, car nous avons tous et toutes un rôle à jouer pour briser les chaînes de la manipulation. Victimes, nous vous croyons, vous n'y êtes pour rien. C'est elle ou lui, le coupable, et la loi interdit les violences !
Lien : https://www.wendybaqueauteur..
Commenter  J’apprécie          60



Ont apprécié cette critique (6)voir plus




{* *}