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Critique de hcdahlem


Quoi de mieux, au moment des bonnes résolutions, que de se plonger dans un roman qui a pour thème principal les arrangements que nous ne cessons de faire avec la vérité, les promesses vite oubliées, les compromis qui nous font occulter quelques faits pour n'en retenir que le côté qui nous sert.
L'auteur, qui exerce la profession de psychiatre, a choisi pour illustrer son propos un «héros» atteint du syndrome d'Asperger. Cette forme d'autisme, sans déficience intellectuelle ni retard de langage, se caractérise par des difficultés dans le domaine des relations et des interactions sociales : se faire des amis, comprendre les règles tacites de conduite sociale et les conventions sociales, attribuer à autrui des pensées ou se représenter un état émotionnel.
En revanche, l'Association Autisme France nous apprend également que «les patients atteints du syndrome d'Asperger sont étonnants de par leur culture générale et leur intérêt dans un domaine spécifique dans lequel ils excellent.»
Le narrateur va nous confirmer ce diagnostic tout au long du roman, y ajoutant une définition d'un spécialiste suisse, le professeur Urs Weiss « qui définit le syndrome d'Asperger comme un variant humain non pathologique voire avantageux, puisqu'il garantit, au prix d'une asociognosie parfois invalidante, une rectitude morale plutôt bienvenue dans notre époque de voyous. »
Voici pour le côté théorique, en espérant ne pas vous avoir perdu jusque-là, amis lecteurs, parce que le côté pratique nous offre quelques pages délicieusement jubilatoires sur la mauvaise foi, les secrets de famille plus ou moins bien gardés et l'hypocrisie qui règne en maître dans certaines circonstances.
Il s'agit en l'occurrence d'une cérémonie de funérailles qui déstabilise au plus haut point le narrateur : « Je ne comprendrai jamais pourquoi, lors des cérémonies de funérailles, on essaie de nous faire croire qu'il y a une vie après la mort et que le défunt n'avait, de son vivant, que des qualités. Si un dieu de miséricorde existait, on se demande bien au nom de quel caprice il nous ferait patienter plusieurs décennies dans cette vallée de larmes avant de nous octroyer la vie éternelle; et si les humains se conduisaient aussi vertueusement qu'on le dit après coup, l'humanité ne connaîtrait ni les guerres ni les injustices qui déchirent les âmes sensibles. »
Tout en approuvant cette logique imparable, on va bien vite se rendre compte que l'enfer est effectivement pavé de – telles – bonnes intentions. Faut-il dire que le cousin Henri est le fruit d'un viol, qu'Octave a été tué sur le chemin des dames par un tir venu de son camp, que le grand-mère Marguerite (que l'on enterre) a noué une relation extraconjugale avec un riche voisin et que la tante Lorraine en serait le fruit défendu ? Parmi les petits arrangements avec la réalité que cette dernière nous offre, on peut rajouter les régimes amaigrissants ou les cures thermales aussi sensationnels que sans résultats qu'elle suit année après année. On citera encore les positions politiques diamétralement opposées des cousines Marie et Christelle qui n'ont aucun scrupule à agir en opposition avec leur discours.
On se régale de ce petit jeu de massacre, agrémenté par les deux passions de notre homme, à savoir le jeu de scrabble et les catastrophes aériennes.
Et s'il vous fallait un argument supplémentaire pour vous plonger dans ce livre, terminons avec une histoire d'amour. Sophie Sylvestre, croisée sur les bancs de l'école, pourrait en effet devenir la plus heureuse des femmes, car un mari atteint du syndrome d'Asperger lui offrira un «gage de franchise, de réserve et de probité amoureuse.»
Mais je vous laisse découvrir par vous-même comment cette possible idylle va se développer…

Lien : https://collectiondelivres.w..
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