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Critique de Myrtle


C'est avec un grand plaisir que l'on retrouve Frankie Ventana et son écriture poétique et sensible. Les années d'innocence est une ode à l'amitié, dans ce qu'elle possède de plus pur et de plus loyal. Comme dans son précédent ouvrage, Une vie après l'autre où l'incarnation des possibles, l'auteur retranscrit les liens qui unissent différentes âmes, en nous plongeant au coeur de leurs vies et de leurs souvenirs.

A travers le regard de la narratrice, on découvre les sentiments très forts qu'elle partage avec ses deux amis Paul et Sam. Elle se souvient de leur rencontre, leurs serments d‘amitié, leurs soirées à faire la fête, mais aussi leurs divergences :

« Je pressens l'orage.
Sam est sur le point de libérer la foudre qui va tout foutre en l'air. Parce qu'à l'intérieur, Sam se consume du même feu que moi, et quand nous en venons à la bagarre au verbe, c'est pire que les poings.
Et Paul, toujours entre nous, comme un trait d'union, a décidé que ce soir, on se débrouillerait sans lui. Il en a marre de ces affrontements perpétuels, et il nous le dit.
Il nous dit même qu'on devrait baiser ensemble, que ça nous ferait du bien et qu'on aurait une bonne raison de se taper sur la gueule. »

En nous dévoilant pêle-mêle ces tranches de vie, Sam et Paul deviennent plus vivants et on mesure la force de leur union. La narratrice, elle, se définit par toutes les questions qu'elle se pose sur la vie, l'amour et ses choix. Ses souvenirs, ses regrets sont empreints d'une mélancolie rêveuse, pleine de poésie :

« Nous étions alors deux funambules sur la corde du temps qui jouent à se faire peur. Les yeux bordés de noir, les ongles peints, il avait juste à poser ses mains sur mes yeux pour m'entraîner le long de sa cavale infernale. Sur les murs, il dessinait des pays imaginaires, des océans de dunes, des clairs de lune miroitant à la surface de l'eau, des châteaux de sable abritant des voleurs d'amour, des sources de vie auxquelles s'abreuvent les innocents. »

Peu à peu, le texte s'inscrit dans le présent et le lecteur découvre où en sont les trois personnages, et ce qu'il reste de leurs liens, malgré leurs choix personnels et la maladie qui fait irruption dans leur cocon… Comme un cycle, le livre se termine là où tout a commencé pour Sam, Paul et la narratrice : un souvenir lorsqu'ils avaient dix ans. On se laisse porter par ces trois destins indissociables, où l'émotion et le questionnement sur soi sont omniprésents. A noter que le texte est accompagné de photos énigmatiques, représentant des silhouettes dans différents paysages, qui laissent la part belle à notre imagination…
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