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Critique de Kirzy


Kirzy
09 septembre 2021
Rentrée littéraire 2021 #19

De très nombreux romans analysent le microcosme du couple, questionnent la dépendance affective ou l'idéal de l'amour-passion, mais celui-ci le fait avec une drôlerie féroce tout à fait réjouissante. Ici le face à face conjugal devient un western où tout est rapport de force, feutré ou pas. Surtout, Maud Ventura a choisi un parti pris très intéressant. Elle interroge les écarts entre les vieux schémas patriarcaux et nos quotidiens 2021 en choisissant une héroïne à contrepied, très loin du post #metoo

Elle est FOLLEMENT amoureuse de son mari. Dans le sens complètement cinglée. Chez elle, l'amour confine à l'aliénation mentale, elle ne vit que dans la passion des débuts après quinze de mariage. Elle scrute chaque geste de son mari, surinterprétant tout, terrifiée à l'idée qu'il la quitte ou la désire moins, alors qu'elle semble posséder tout ce que la société valorise : la beauté, de beaux enfants, une belle situation sociale, un métier.

Maud Ventura a construit son roman sous la forme d'un journal de bord du lundi au dimanche, rempli de micro scènettes du quotidien qui nous font passer par les montagnes russes émotionnelles de l'héroïne. On rit beaucoup avec notamment l'histoire de la clémentine : dans un portrait-chinois le mari a choisi ce fruit pour représenter son épouse alors qu'elle aurait voulu être une gourmande cerise. Et ça l'obsède, la torture. Parfois, on pourrait presque se reconnaître dans ces travers et ses angoisses. Et puis, du rire, on glisse vers l'inquiétude car on sent le récit basculer très subtilement vers une forme de folie, comme dans un thriller psychologique. L'expression «  mon mari » envahit le texte, engloutit l'héroïne. Les enfants sont à peine évoqués, juste une obligation conjugale qu'elle n'a pas vraiment souhaité et dont elle s'occupe que de façon très matérielle, l'entièreté de son coeur étant pris par son mari, elle qui se voit en une nouvelle Phèdre ou la Marguerite Duras de l'Amant.

Forcément, il peut y avoir un côté répétitif à lire les plaintes de cette femme tellement dépendante qu'elle en devient monstrueuse. le récit s'essouffle un peu. Et forcément, on attend la fin, de savoir comment l'auteure pas se dépatouiller de tout cela. Il y avait beaucoup de façon de conclure ce roman. Maud Ventura a incontestablement opté pour la meilleure, pour le dénouement auquel on ne s'attend pas et qui régale, jubilatoire. Ce premier roman réjouissant est plein de fraicheur et ça fait du bien, jusqu'à sa couverture vintage juste parfaite !


PS : à lire en écoutant Amoureuse de Véronique Sanson

Quand je suis loin de lui
Je n'ai plus vraiment toute ma tête
Et je ne suis plus d'ici
Oh! je ne suis plus d'ici
Je ressens la pluie d'une autre planète

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