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Critique de djathi






A travers ce roman court mais intense , fidèle à son style , Tarjei Vesaas nous entraine dans une blanchisserie (lieu déjà symbolique !)qui sera le décor d'une tragédie :
C'est l'histoire banale d'un homme mûr, marié et sans histoire , propriétaire d'une blanchisserie ,qui sombrera au fil des pages dans un état obsessionnel grandissant face à l'arrivée d'une jeune employée ...... Vouant une haine farouche à l'égard du fiancée de celle-ci , ce sentiment le hante jour et nuit , l'accapare , le dénature , l'éloigne de la réalité : très rapidement son entourage perçoit le danger qui émane de Tander et les réactions des uns et des autres sont surprenantes ! Telles les schémas de tragédie classique , on assistera à une montée en puissance des sentiments dans une atmosphère de plus en plus oppressante jusqu'au dénouement final où la mort ne semble être que la seule issue libératrice et rédemptrice !
Tarjei a su habilement créer un climat ambivalent et malsain très bien traduit dans ce passage :
" "Elles travaillent certes silencieusement ces jeunes filles , mais de temps à autre , elles dirigent leurs regards vers la fenêtre ou la porte . Car dehors le soleil brille ,les nuages défilent et le linge claque au vent . Comme si passait un cortège invisible . Quelque chose d'étrange porté par le vent . Loin , très loin d'une blanchisserie installée dans une cave . Des chants . Des chants d'hommes . Perçus par le coeur . tel le chant de marins partis vers de nouveaux horizons ou quelque autre absurdité venue de la terre ferme .Tout simplement quelque chose qui est dans l'air et que chacun porte en soi .Comme issu de quelque chose pour quoi l'on a été créé mais ne peut obtenir puisque le vent souffle sur les vastes espaces et que l'on est jeune et neuf .C'est tout cela le chant ."

Certains ont vu dans la folie qui menace Tander , une simple obsession issue d'un amour non partagé : pour ma part je n'ai pas ressenti les choses ainsi et j'ai plutôt perçu cet "attachement" à cette jeune fille comme une réaction inconsciente due à un traumatisme antérieur ( la perte d'un enfant ) .Plusieurs passages ont orienté mon regard vers cette analyse :

"Et voici Vera .......C'est là que se trouve Vera . Et c'est là qu'elle restera ""Depuis que Véra est venue travailler chez lui . A peine était-elle arrivée qu'il avait senti un nouvel espace s'ouvrir en lui . Avec la soudaine puissance d'une révélation......Vera aubeau milieux de piles de linges immaculées, toujours ! Et dans cela personne ne peut entrer . C'est ainsi . Il faut se contenter de regarder et de rester à proximité".
Quelques lignes plus loin :"Vis à vis d'elle il avait senti se développer en lui un absurde sentiment de propriété. Il fallait que Véra demeure telle qu'elle avait été en arrivant , avait-il décrété ".
Plus loin encore alors qu'il est confronté à une explication avec le fiancé de Véra il parle de "celle que personne ne devait toucher " !


A travers ces passages , Tander semble plutôt victime de perturbations psychiques importantes que soumis à une passion dévorante : Véra n'est que l'objet de son obsession dans ce qu'elle représente de virginité , pureté lui apportant un sentiment de sécurité !

J'ai apprécié cette lecture pour la qualité d'écriture toute en finesse , poétique et rythmée .....
envoûtée par cette histoire qui témoigne de la fragilité du sens de la vie , de l'interdépendance des êtres , de la frontière ténue entre la raison et la folie ......
Mais la présentation de ce livre dans laquelle on parle d'amour me heurte : Aussi je serais ravie de susciter l'envie de quelques lecteurs pour confronter nos lectures !!!!
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