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Critique de Pibook


Il y a de ces livres, pour ne pas dire la majorité, qui ne nous passeront jamais entre les mains, à moins que... Hasard d'une écoute distraite d'une émission de radio du matin à Radio-Canada en prenant mon café; l'écrivaine Marie-Hélène Poitras, auteure de "Griffintown", propose ce petit bouquin de rien du tout, à peine 75 pages," Collier de débris" de Gary Victor, l'auteur le plus lu dans son pays. Deux ans après le tremblement de terre du 12 janvier 2010, le Programme des Nations Unies pour le développement (PUND) demande à ce dernier de rédiger à sa façon un texte qui rende compte des activités d'enlèvement des débris à Port-au-Prince. L'enlèvement des débris ... Que peut-on vraiment en dire ? Et bien Gary Victor choisit, tel un récit témoignage, de le faire à travers la voix d'une femme qui a perdu un mari et un fils dans la tragédie et, Dieu soit loué dirait-elle, toujours mère d'une petite fille que le destin a épargnée.

Que sont mes amis (haïtiens) devenus ? Voilà ce que propose cette plaquette d'où s'échappe le silence trop bruyant des disparus, la poussière, la sueur des Haïtiens dont certains se rebiffent au début devant cette tâche colossale, dangereuse à bien des égards, mais qui y voient bientôt leur planche de salut.

"L'écrivain m'a posé des questions sur ma vie, sur mon travail. Je faisais toujours attention de dire qu'il était important pour la communauté que l'ONG reste. Elle traitait bien ses employés, veillait à ce que toutes les consignes de sécurité soient respectées [...]. Il a voulu savoir mon expérience la plus traumatisante. Je lui a répondu sans hésiter: La découverte de restes humains sous les décombres, chaque fois une douleur, une terrifiante souffrance. Il m' a demandé ce que serait devenus ces quartiers sans ce projet de déblaiement. Je n'osais pas imaginer pareille chose. Je lui ai finalement dit que nous serions restés figés sur place, telles des statues, attendant que le temps nous fissure, nous fragmente, nous détruise et nous réduise nous aussi en débris, en poussière." (page 73)

Entendons-nous bien, il ne s'agit pas d'un grand livre. Gary Victor a sans doute choisi d'éviter les épanchements inutiles. Pourquoi lire alors " Collier de débris" ? Parce qu'on y entend ce cri du coeur pour ne pas oublier, ne pas LES oublier. Parce que juste du concret (le mot "concrete" me vient à l'esprit, qui signifie en anglais - block- en béton" ), pour la résilience et la vie qui se doit de continuer malgré tout.
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