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Critique de LeScribouillard


Ouvrage reçu grâce à Masse Critique, et Masse Critique, c'est fantastique.
Ça fait bien longtemps que je n'ai plus aucune confiance dans les maisons de retraite, qu'on nous fait maintenant appeler « EHPAD » et que j'appelle plus volontiers « sanitarium », « mouroir » ou « prison pour vieux » : le fait est qu'avec un personnel constamment débordé, des locaux semblables à ceux d'hôpitaux soit à peu près aussi agréables qu'un couloir de la mort, des endroits où c'est bien souvent votre famille ingrate qui vous enferme pour ne plus vous subir durant les dîners de famille, j'ai l'impression qu'on se sent vieillir et perdre sa santé aussi bien que la boule bien plus vite. Me faites pas dire ce que j'ai pas dit : garder ses aïeux chez soi, c'est pas souvent meilleur, au Japon c'est la tradition mais ça crée des situations familiales compliquées. Au final, c'est toujours la même question qui revient : qu'est-ce qu'on fait de nos vieux ? On les parque dans un coin où il ne risque rien de leur arriver ? ou on les laisse faire ce qu'ils veulent, quitte à ce qu'il leur arrive des accidents ? Et dans nos sociétés matérialistes où porter le dentier n'a plus rien de sacré, on choisit bien souvent l'option 2.
Voilà ce qui m'intéressait dans le Plongeon : voir comment on pourrait rester vieux et heureux. Comment faire le juste équilibre entre sécuritarisme et liberté pour les personnes les plus vulnérables. Quels liens d'amitié peuvent se tisser dans un établissement où l'on ne fait quasiment plus rien qu'attendre la mort. Et cette BD dans son naturalisme montre clairement que la France est à la ramasse niveau relations humaines : interdiction d'exercer une connaissance acquise avec la pratique plutôt que la théorie, règlement ferme et autoritaire, tendance à considérer davantage les anciens comme des gosses plutôt que des puits de savoir…
Pourtant, la BD échappe à la sinistrose grâce à Yvonne, l'héroïne : ayant elle-même décidé de partir en maison de retraite, elle entend bien ne pas se laisser aller aux normes sénilisantes qui semblent régir l'EHPAD. Les deux auteurs échappent également au manichéisme en montrant nombre d'infirmiers plus flexibles, attentifs envers les personnes âgées. Peu à peu, la vieillesse rattrape tout le monde, mais ce ne sera pas sans rigoler une dernière fois. Les vieux ressemblent à des jeunes tentant de vivre une dernière fois leur adolescence, et les visages peints par Victor L. Pinel sont par moments touchés par la grâce.
Le Plongeon, c'est un peu une version apaisée du "Patient" : parfois bavard, parfois très silencieux, mais avant tout une description loin d'être idéalisée du système sanitaire français, où se dressent toutefois d'innombrables lueurs de douceur et d'espoir. On est dans du drame social, certes, mais intelligemment « filmé », avec une héroïne féminine forte et loin de toutes les guerrières en armure à la poitrine proéminente que l'on entend d'habitude par cette expression. Après, je dis ça, c'est pour votre culture…
Lien : https://cestpourmaculture.wo..
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