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Critique de Arakasi


Vieil amoureux des chants de l'Aède aveugle, Pierre Vidal-Naquet ne prétend pas nous offrir une analyse exhaustive des vers de “L'Iliade” et de “L'Odyssée” - analyse qui couvrirait probablement dix fois plus de pages que les deux textes réunis. Il préfère concentrer son étude sur certains points chers à son coeur dans l'espoir d'éveiller chez le lecteur l'envie de découvrir ou de redécouvrir ces chefs d'oeuvre de l'Antiquité. Plus qu'un livre homogène, “le monde d'Homère” est surtout un recueil d'articles érudits analysant diverses pistes de réflexion, notamment autour de l'historicité et de la géographie du récit d'Homère, mais aussi autour de ses différents protagonistes, leur culture, leur façon de concevoir la vie et la guerre…

Plutôt que de me livrer à une liste monotone de ces différentes thématiques, je me concentrerai surtout sur celles qui m'ont le plus intéressée. La première est assurément l'importance du masculin et du féminin chez Homère. Si “L'Iliade” laisse peu de place aux personnages féminins, souvent relégués aux rôles de trophées ou de victimes, ils sont en revanche nombreux et puissants dans “L'Odyssée”. de Circé à Nausicaa, ce sont presque toujours des femmes qui secourent Ulysse ou le mettent en danger, les personnages masculins faisant généralement figures d'antagonistes aisés à éliminer. de là l'hypothèse attrayante quoique improbable que “L'Odyssée” aurait été en réalité écrit par une femme.

“L'Odyssée” première oeuvre féministe ? N'exagérons pas. Mais en tout cas, pour Pierre Vidal-Naquet, première comédie, tout comme “L'Iliade” est la première tragédie mise par écrit. Premier roman d'aventure également dont les multiples rebondissements charment encore des milliers de lecteurs. Mais surtout - et je réalise un peu tard que c'est peut-être la raison principale qui m'a tant fait aimer ce mythe - “L'Odyssée” est une réponse à “L'Iliade”, une réponse audacieuse et d'un prosaïsme délicieux. Au dilemme d'Achille hésitant entre une longue vie de mortel et celle courte d'un héros divinisé, Ulysse apporte sa propre réponse en repoussant l'offre de la nymphe Calypso. A l'immortalité auprès d'une déesse, le héros de la survie préfère une vieillesse paisible auprès de son épouse et de son fils. C'est donc notre propre mortalité que “L'Odyssée” nous encourage à embrasser et à chérir. Belle leçon de vie que j'aurais mis du temps à saisir. Merci, M. Vidal Naquet !
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