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Critique de Kyuss


J'ai mis longtemps avant de me décider à lire ce livre qui prenait la poussière sur mon étagère depuis quelques années, et je ne regrette pas, car entre temps j'ai moi-même été initié à l'histoire de l'art religieux médiéval, ce qui m'a permis de goûter pleinement cette aventure.

Ce livre m'a réconcilié avec les romans historiques suite à quelques mauvaises expériences un peu trop rapprochées dans le temps. Il s'agit d'un roman d'initiation narrant le destin de Jehan le Tonnerre, un jeune homme destiné à poursuivre l'oeuvre de défrichement de ses parents mais qui, un beau jour, se trouve happé par l'érection d'un monastère cistercien près de chez lui. Jehan décide donc de défier le destin et de se lancer dans l'apprentissage de l'art de la charpente auprès des compagnons, et d'un hurluberlu appelé le "prophète", baigné de culture celtique. Cet apprentissage le mènera dans un second temps sur les voies de la Connaissance : le pèlerinage vers le tombeau de Saint Jacques à Compostelle, épreuve spirituel où s'acquiert la sagesse, et la force, par le dépassement de soi.

La trame du roman repose sur une théorie de l'auteur selon laquelle il y aurait une forme de syncrétisme dans l'art religieux médiéval entre croyances celtiques et christianisme (qui serait le fondement de la franc-maçonnerie?). Les compagnons étant les garants de la transmission de la maîtrise de l'algèbre et de la géométrie, visant à forger des édifices s'intégrant au "cosmos", mettant ainsi les hommes en contact avec les vibrations de la terre, et tout ça sous couvert de l'autel et des idoles sculptées de l'église chrétiennes, en apparence. C'est complexe, et je n'ai pas tout compris pour être franc. Je ne sais pas si cette idée sort tout droit de l'imaginaire de l'auteur ou s'il se base sur une documentation particulière, il n'empêche que ça fait réfléchir, et c'est le but avoué par l'auteur dans sa post-face. De fait, j'ai apprécié le roman dans ses dimensions les plus techniques, notamment en ce qui concerne le vocabulaire de l'architecture, car l'érudition d'Henri Vincenot apparaît dans la richesse des connaissances qui transparait dans ce récit.

Mais tout cela ne serait rien sans l'écriture, car si le livre pouvait se rattacher à la figure de l'église, l'écriture en serait le fondement. Or, Vincenot nous raconte les aventures de Jehan avec une plume coquette, teintée du parler de sa chère Bourgogne, dont il nous donne à voir les paysages, à ressentir la richesse aux travers des ballades au contact d'une nature charmante, nourricière, mais indomptée. C'est tout l'amour de son pays que Vincenot partage avec nous. Car il le dit lui même, les aventures qu'il nous raconte, il les a "vécues" et ne peut s'absenter du récit. C'est ainsi qu'il réapparaît de temps à autre dans des disgréssions qui ne gênent en rien le déroulement de l'histoire, et qui m'ont d'autant plus attaché aux personnages et à cette ambiance.

Enfin bref, j'ai adoré ce roman poétique, riche et mystérieux à la fois, qui nous fait voyager. C'est une expérience sensitive et spirituelle à la fois, car il n'y a qu'amour et douceur dans cette histoire.
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