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Critique de SamDLit


# Rentrée automne 2021 # Premier Roman # Premier flash
"Cré-moé, cré-moé pas - Quéqu' part en Alaska"

"C'est quelque chose qui ne s'invente pas savoir survivre"


Un enfant disparaît en pleine tempête de neige. Il a suffi d'un instant, un seul instant, qu'elle détourne les yeux un seul instant pour renouer ses lacets et il avait disparu


Bess, Benedict, Cole, Freeman, Clifford vont se mettre à la recherche du Petit.


Un premier roman qui m'a emportée ailleurs avec son écriture simple, directe, une histoire courte et goûteuse, une vraie gourmandise


Des phrases courtes, des chapitres succincts, un fait à la fois banal et terrifiant: un enfant de 10 ans échappe à la vigilance de l'adulte qui l'accompagne.
Le blizzard se lève. Nous sommes en Alaska. Il y a peu de chances de le retrouver vivant, une course contre la montre s'engage.


De chapitre en chapitre, de phrases courtes en phrases courtes, nous suivons d'une part l'évolution des recherches pour retrouver l'enfant en danger de mort et d'autre part le cheminement des pensées de ceux qui le recherchent.


Peu à peu, au détour des chapitres courts qui alternent tour à tour les voix des différents protagoniste, l'histoire individuelle de chacun se dévoile: leur histoire d'avant cette course contre la montre, leur passé personnel d'avant l'Alaska, les raisons profondes qui les ont poussés chacun à venir vivre dans un endroit aussi reculé .

"Ce pays perdu où vous oubliez jusqu'à ce que vous étiez avant"


S'y expliquent également leur différence d'évaluation de cette disparition qui les frappe pourtant au même moment, leur manière d'appréhender la nature et les interactions qui se sont mises en place depuis leur arrivée dans cette petite communauté où l'instinct de survie est primordial.


Sont-ils à la recherche d'un enfant, en quête d'eux-mêmes, ou
d'une certaine forme de rédemption pour des fautes passées ?


Qui gagnera cette course contre la montre pour retrouver l'Enfant? La nature (le blizzard), l'homme ? Et est-ce vraiment la question ici ?


Dans ce premier roman à l'allure de thriller et sous une forme chorale (à plusieurs voix), l'Auteure aborde différents thèmes:

- La culpabilité comme un fardeau qu'on traîne toute sa vie pour une faute commise ou pas, qui n'est pas nécessairement de notre entière responsabilité, parfois simple concours malheureux de circonstances

- la quête de l'identité et de ses origines

- les rapports à la paternité: celle découlant des liens du sang; celle qui s'acquiert par la transmission de valeurs, d'amour, de savoirs; celle qui est voulue et acceptée; celle qui est refusée, parfois pour des raisons qui expliquent sans excuser; celle où chacun adopte l'autre aussi bien l'adulte que l'enfant, celle qui coule de source naturellement comme l'eau claire d'un ruisseau, celle de celui qui fuit sans aucun mot d'explication.


"C'est bien une idée de môme ça,
s'inquiéter de briser le coeur de quelqu'un."



#Blizzard, #MarieVingtras, 26 août 2021, Editions de l'Olivier

Aux yeux de certains, cette écriture limpide, presque plus orale qu'écrite pourrait paraître simpliste. Fausse impression tant la frappe visuelle est forte et évocatrice.

C'est cette simplicité, la brièveté des phrases et des chapitres, du récit-même, combinée à la capacité de l'auteure à faire monter crescendo la tension comme dans un thriller, à évoquer aussi bien la nature géographique & météorologique, que la nature de chacun des 'héros' de Blizzard qui m'ont fait apprécier cette tempête au moment où la météo était exceptionnellement au beau fixe sur la Belgique.

Profitons-en pour le savourer ce roman et ce temps clément comme lorsqu'on se retrouve dans l'oeil du cyclone


"Le blizzard ne me laisse pas voir grand chose. Parfois le vent s'arrête d'un coup. Tout retombe au sol comme les plumes d'un oreiller et je distingue à peu près ce qui m'entoure, mais c'est toujours passager. Papa disait que c'était pire que la tempête en elle-même: ce moment où tout est suspendu comme lorsque vous êtes dans l'oeil d'un cyclone, et où vous commencez à espérer alors que le répit sera de courte durée et qu'il faudra lutter à nouveau."


Bonus: la complainte du phoque en Alaska
Cré-moé, cré-moé pas - Quéqu' part en Alaska
https://www.youtube.com/watch?v=6u2KPtJB9h8

Y a un phoque qui s'ennuie en maudit
Sa blonde est partie
Gagner sa vie
Dans un cirque aux États-Unis

Le phoque est tout seul
Y r'garde le soleil
Qui descend doucement sur le glacier
Y pense aux États
En pleurant tout bas
C'est comme ça quand ta blonde t'a lâché

Ça vaut pas la peine
De laisser ceux qu'on aime
Pour aller faire tourner
Des ballons sur son nez
Ça fait rire les enfants
Ça dure jamais longtemps
Ça fait plus rire personne
Quand les enfants sont grands

Quand le phoque s'ennuie
Y r'garde son poil qui brille
Comme les rues de New York après la pluie

C'est rien qu'une histoire
J' peux pas m'en faire accroire
Mais des fois j'ai l'impression qu' c'est moé
Qui est assis sur la glace
Les deux mains dans la face
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