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Critique de HundredDreams


« L'espoir trompe autant qu'il fait vivre. »

Je déteste le froid, la neige, l'hiver, mais les pays du grand Nord m'ont toujours fascinée par leur beauté sauvage et glacée. C'est sûrement pour cette raison que ce premier roman de Marie Vingtras m'a attirée comme un aimant. Plusieurs critiques ont fini de me convaincre et je les en remercie.

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Malgré le blizzard qui fait rage, malgré le vent glacial et violent qui souffle en rafale, malgré la neige aveuglante, Bess est sorti avec un jeune enfant.
Voulant refaire ses lacets, elle lâche la main du petit garçon.
Lorsqu'elle se relève, il n'est plus là.
Il a disparu, avalé par la tempête.
Une course contre le temps s'engage car la mort survient vite dans des conditions aussi extrêmes.

« Je ne sais pas si la nature les a absorbés ou si elle va les recracher, morts ou vivants. »

Pourquoi s'être aventurée dehors malgré le danger évident ? Qu'est-ce qui justifiait une si grande prise de risque ?

« Comment dire à un enfant qu'il est une proie ? »

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Malgré la fureur de la tempête de neige, les habitants de ce coin perdu d'Alaska se lancent à la recherche de la femme et de l'enfant et deviennent, à tour de rôle, narrateur de l'histoire.
En alternant ainsi les personnages, l'auteure construit sa narration en variant les points de vue de chacun.
Jamais narrateur, l'enfant est tenu à distance, maintenant le suspens jusqu'aux toutes dernières pages quant à son destin.

Progressivement, en peu de mots, l'auteure compose des portraits qui s'étoffent, et on discerne mieux leur personnalité, leurs faiblesses, leurs erreurs, leurs tourments, et finalement la noirceur de certains. L'auteure ménage ses effets, distillant les révélations au compte goutte afin de surprendre le lecteur.

« Quelquefois le poids des secrets est si lourd qu'on ne sait même plus comment s'en débarrasser sauf en disparaissant avec eux. »

En effet, ces individus n'ont pas choisi de vivre au plus près de la nature pour la beauté des paysages, l'envie de liberté, ou le besoin de vivre dans de grands espaces. Et l'on comprend mieux, petit à petit, pourquoi ces individus ont choisi, de leur plein gré, de s'installer dans ces régions reculées et inhospitalières, soumises à des hivers rudes.

« Ici, vous pouvez tout oublier et être oublié. »

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Avec des chapitres de quelques pages seulement, composés de phrases courtes et de mots tranchants comme une lame, Marie Vingtras impose un rythme soutenu, et enferme le lecteur dans un huis-clos glacial. Face au blizzard, chacun se dévoile.

« On sait ce que ça représente une lumière dans la nuit, ou dans le blizzard, quand vous êtes perdus. Ça doit être un peu comme un phare dans la tempête pour un marin. Ça veut dire qu'il y a un être humain quelque part et que vous allez peut-être survivre aux éléments. »

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L'écriture finement ciselée décrit avec beaucoup de justesse les sentiments cachés de ses personnages.

« Il y a toujours un moment où l'on vous présente l'addition et, vous pouvez protester, il faudra bien la régler, d'une manière ou d'une autre. »

La construction, mélangeant différentes temporalités, permet d'entrelacer plusieurs thématiques : celles de la douleur des souvenirs, la culpabilité, le traumatisme de la guerre, et la notion de parenté.

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Pour finir, ce premier roman de Marie Vingtras est une grande réussite. L'auteure signe un récit choral surprenant, original.
J'ai adoré cette ambiance hivernale.

Merci à Christophe_bj, Yvan_T et JustAWord pour cette belle lecture.
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