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Critique de cedratier


« La Maison devant le monde (le désir du bonheur)» Alain Vircondelet (108p, Desclée de Brouwer).
Six petits chapitres dans ce récit autobiographique, un parcours que l'auteur décrypte pour nous mener de sa terre natale et d'enfance, l'Algérie d'avant l'indépendance, à son exil et à sa piété chrétienne dans laquelle il s'enracine. J'ai beaucoup apprécié les trois premiers chapitres, même si sa perception de la guerre d'Algérie laisse parfois perplexe ; cette terre, miraculeuse de lumière et de sensualité, comme Camus sait si bien la décrire, « ce lieu habité, chargé d'une énergie incomparable, qui donnait la mesure de soi, ne faisant d'aucun de ses habitants un étranger » ; mais l'immense majorité autochtone n'était-elle pas considérée comme étrangère chez elle ? Pourtant, « la force, la violence étaient du côté des miens » et le jeune Vircondelet, curieux et généreux, ne peut l'admettre. Puis c'est le départ contraint, toute cette énergie pour s'imprégner d'images de la terre à laquelle il est arraché, la transplantation dans une région nouvelle (dans des conditions quand même assez confortables). Et sa famille cherchera à (re)« faire l'Algérie en France », comme tant de « rapatriés ». Il consacrera alors une grande part de ses forces à s'imprégner de cette terre nouvelle.
Il y a aussi quelques beaux passages à propos de son lien avec Marguerite Duras, autre exilée, de ce qu'elle lui dit de son écriture et de son exil : « Ecrire, c'est prendre le même large que celui des vagues, perdre de vue les rivages, et partir là où l'on ne sait rien. Tout le reste, rajoutait-elle, ne compte pas, le style, la syntaxe, la tyrannie des romans. » Et un joli coup de griffe à Houellebecq (pan sur le becq).
J'ai moins goûté toute la partie imprégnée d'une spiritualité chrétienne que je ne partage pas. Reste un beau témoignage, très bien écrit, un récit de la perte, sensuel et émouvant, « une trame déchirée(…) que l'écriture s'obstine à recoudre et à recomposer ».
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