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Critique de karmax211


Au début du mois de juin 1967, au moment où éclatait la guerre des Six jours, trois de mes camarades alors âgés de 13 à 14 ans tombaient dans la région de Bitche ( Moselle ) touchés par des éclats d'un obus qu'ils avaient déterré près d'une casemate datant de la Grande Guerre, et qu'ils s'étaient aventurés à jeter contre une pierre dans un fossé. L'un perdit un oeil, l'autre atteint à la carotide ne dut son salut qu'à la présence d'esprit, au sang-froid de l'un de ses copains et à la diligence des pompiers. le dernier, celui qui avait lancé l'objet meurtrier, eut le ventre ouvert et perdit la vie... à 14 ans... à cause d'un obus tout rouillé vieux de 50 ans !!!
Ce souvenir est toujours présent dans ma mémoire.
Le petit mort, qui n'eut jamais la chance de savoir ce qu'était que d'être un "poilu" ( un homme ), fut mon colocataire, mon voisin de banc durant toute l'année de 6ème.
Alors qu'il mourait à cause du jeu malsain auquel jouent les gamins, une vraie guerre tuait des hommes en Palestine... on la voyait à la télé, ça faisait des pages très impressionnantes dans Paris Match... mon père et ses collègues militaires ne parlaient presque que de ça.
Mon père au passage qui a deux fois "sauté sur une mine... en Indochine et en Algérie...
La guerre n'a jamais cessé...
Elle sévit toujours ici ou là...
Mais qui aurait pu imaginer que ce fléau viendrait à nouveau planter ses serres au coeur de l'Europe ?
Pour faire la guerre, il faut des armes... et à l'énoncé de tout ce matériel de mort utilisé par les barbares poutiniens et celui livré aux malheureux Ukrainiens agressés... l'idée m'est venue de chercher et de trouver des informations sur le commerce des armes.
J'avais lu précédemment quelques bouquins.
J'avais vu l'excellent film d'Andrew Niccol - Lord of War -, cette histoire vraie d'un trafiquant d'armes Soviétique... natif d'Ukraine...
J'avais été troufion pendant 12 mois dans une caserne alsacienne, tiré au fusil, tenu une grenade en main... mais j'avais passé surtout les dix mois qui suivent les classes, à buller dans une infirmerie...
Donc, tout cela ne me suffisait pas.
J'avais besoin de remettre à jour mes connaissances, faire le point sur mes lacunes.
Quelques recherches et je suis tombé sur - le commerce des armes : un business comme les autres ? - de Benjamin Vokar et Philippe Sadzot.
Quelle jubilation que de joindre l'utile "l'info, la connaissance, l'apprentissage" à l'agréable " le plaisir intemporel, gourmand, ludique d'une plongée dans des vignettes, des planches de dessins au graphisme personnalisé et stylisé, aux couleurs "pupilonantes", au toucher "proustien" ... grâce à une bande dessinée traitant du sujet ô combien sérieux ( grave ) du commerce des armes !
Cette BD que l'on doit aux éditions GRIP... acronyme pour "Groupe de recherche sur la paix et la sécurité, outre ses qualités graphiques, sa structure narrative, a le mérite d'être didactique, pédagogique, instructive, honnête et porteuse de valeurs humanistes essentielles.
Son scénario est construit sur le schéma d'un cours du soir pour adultes.
Un "prof" ( en l'occurrence Jean-Claude van Duyk, chercheur au GRIP ) face à un auditoire et à côté d'un tableau.
Un panel de gens comme vous et moi qui font office de Candide et posent toutes les questions que l'on se pose sur ce commerce.
Chaque question donne lieu à deux ou trois pages brillamment illustrées sur le thème soulevé.
Vous saurez donc d'entrée ce que rapporte le commerce des armes, puis qui les vend, leur cadre légal... ou pas, pourquoi est-ce qu'on laisse faire, la question des contrôles, les emplois générés, est-ce un commerce dont nos économies pourraient se passer, qui sont les victimes, qui sont les trafiquants etc etc etc
L'avantage de cette BD de moins de 60 pages, c'est que vous pouvez la ranger dans votre bibliothèque et en relire à l'occasion quelques pages pour garder à l'esprit telle ou telle info.
Elle propose une approche que je qualifierais "d'essentielle"... ce n'est pas un essai fouillé, une thèse de doctorat.
C'est une vulgarisation intelligente que chacun peut s'approprier.
En tant que lecteur français, j'ai été un peu frustré de la lire "vue du côté Belge"... mais ça n'est vraiment qu'un tout petit détail.
Par ailleurs, publiée avant l'invasion de l'Ukraine, elle peut sembler légèrement "décalée"... chronologiquement parlant.
Rassurez-vous, ça n'enlève rien au fond du propos et au traitement proposé.
Pour ceux qui ont envie d'en savoir un peu plus sur cette monomanie obsessionnelle et thanatosienne de notre espèce.
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