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Critique de VincentGloeckler


« - L'océan est un espace vide, tout comme le ciel.
- Et les deux, de par leur immensité, laissent place à notre imagination.
- Aucune autre couleur ne représente aussi bien le vise que le bleu, mais il représente aussi l'espoir. »
Julian Voloj et Wagner William, Yves Klein, immersion (Marabulles, 2024), pp.96-97
Traduire l'univers onirique d'un artiste, rendre perceptible la puissance et l'originalité de la création à l'oeuvre, l'entreprise est souvent difficile. Pourtant l'auteur et l'illustrateur de cette « immersion » dans le monde d'Yves Klein y réussissent pleinement. le trait est minimaliste, la page souvent envahie de blanc. Mais comment mieux rendre compte de ce vide, dont l'idée hantait le peintre, une fascination pour ce qui n'a ni couleur ni forme, et qui peut être à la fois menace et promesse, un vide auquel Klein consacra toute une exposition ? Un vide qu'il peupla bientôt de ce bleu Klein, cet « IKB », International Klein Blue, qu'il breveta et qui envahira finalement ces toiles entières, une couleur en grands à-plats pour effacer les lignes, ces frontières visuelles qu'il souhaitait abolir.
L'album évoque le destin d'un fils unique, grandissant dans l'ombre de deux parents peintres, mais à qui on ne donna pas vraiment d'enseignement artistique et qui trouva le meilleur de son éducation auprès d'une tante libraire. Sa route semble le conduire plutôt vers le judo, il voyagera d'ailleurs au Japon pour mieux s'y former, mais on ne reconnaîtra pas son niveau en France, et il devra se contenter quelques temps d'en tenir école en Espagne.
Rencontrant pourtant, à Paris, dans les salons qu'organise sa mère, les grands de l'art de l'époque nouvelle, Pierre Soulages, Hans Hartung et tant d'autres, le voici à son tour gagné par une fièvre créatrice, obnubilé par cette recherche de la couleur unique, multipliant les toiles monochromes… le début d'une carrière éclair,
qui durera huit ans, entre 1954 et 1962, au cours de laquelle il découvrira son bleu, inventera l'expérience des « pinceaux vivants », se lancera (faussement) d'une fenêtre dans le vide, expérimentera les « peintures de feu », découvrira aussi son « or » (et c'est peut-être l'un des rares reproches que l'on pourrait adresser à l'album, de ne pas avoir beaucoup parlé de ce travail sur l'or, d'avoir négligé en particulier les fameuses éponges), cet or en si sublime contraste avec ses formes bleues !
Un album, donc, qui rend le plus beau des hommages à un artiste dévoré par sa passion, jusqu'à sa mort prématurée, un livre qui rappelle la très belle exposition qui avait été consacrée à Klein par le Musée Soulages de Rodez il y a quelques années. Vous êtes en manque de bleu ?... Un seul remède : une immersion dans ce livre, qui vous en nourrira, de la couverture à la dernière page !
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