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Critique de reb_tasouleslivres


Après le dragon du Muveran (2015), Qui a tué Heidi ? (2017), L'aigle de Sang (2019) et Les protégés de Sainte-Kinga (2020), l'inspecteur Andreas Auer est de retour pour une nouvelle enquête. Et ce sont des morceaux de corps retrouvés dans le Léman qui occupent nos policiers et leur donnent du fil à retordre, l'état des corps laissant planer beaucoup d'hypothèses.

En parallèle, nous suivons la famille Hoti, originaire d'Albanie, dont certains membres vivent en Suisse, ayant fui la pauvreté et l'instabilité. Une autre raison de cette fuite peut être imputée à une vendetta entre le clan Hoti et Hakami, et à une gjakmarrja, littéralement « une reprise de sang » ou le droit de venger la mort d'un homme par celle d'un autre homme de la famille du meurtrier, conduisant ainsi à une escalade de violence.

Pour le retour de l'inspecteur Auer, Marc Voltenauer a choisi de nous immerger dans le passé plus que torturé de l'Albanie. Nous y apprenons énormément de faits très intéressants sur ce pays. Les chapitres du livre sont notamment rythmés par des extraits et des explications concernant le Kanun, un code de droit coutumier, datant du moyen-âge, qui régissait la vie quotidienne, et entre autres, les règlements de compte. Punies par le régime communiste mais toujours tenaces dans une partie de la société, ces lois ne sont aujourd'hui plus du tout adaptées au monde actuel et engendrent des bains de sang.

L'auteur nous dévoile également des facettes de la triste histoire de l'Albanie durant le XXème siècle, et en particulier durant la dictature d'Enver Hoxha. le pays a été totalement fermé durant des décennies, son peuple réprimé, surveillé par la police d'état, parfois emprisonné ou envoyé dans des camps de travail inhumains… Depuis la chute du régime communiste en 1991, cette patrie s'est considérablement vidée des ses habitants à cause d'une émigration massive. Les plaies sont encore béantes, et même si l'évolution va bon train, la corruption, les divers trafics et la violence restent préoccupants.

Compte tenu de l'importante diaspora albanaise en Suisse, le choix du thème aurait pu s'avérer délicat à traiter au risque de tomber dans les clichés mais l'écrivain genevois aborde les choses très adroitement, en n'oubliant pas – comme à son habitude – de prôner des valeurs telles que la tolérance et la bienveillance envers son prochain.

Mais avouons-le, pour ce cinquième tome, Marc Voltenauer a fait fort avec le méchant de l'histoire, qui s'avère être une belle ordure s'adonnant aux pires perversions qui puissent exister. Récit parfois cru, certaines scènes montrent bien les atrocités dont les hommes sont capables et on ne ressort pas indemnes de cette vendetta sanglante.

Au départ, il peut apparaître un peu compliqué de rentrer dans le roman à cause des nombreux termes et noms en albanais. Fort heureusement, un arbre généalogique de la famille Hoti est fourni. Certaines discussions scientifiques m'ont aussi un peu perdue, comme celle sur l'impact des insectes dans la datation des cadavres. Et même si la vie privée des personnages principaux est un peu mise en retrait dans ce nouvel opus, tout ceci ne gâche en rien le grand plaisir de retrouver cette belle équipe de policiers et de suivre cette enquête passionnante !

Et pour finir, chapeau à l'auteur pour le travail de recherche sur l'Albanie, qui a dû être considérable !

En résumé, une plongée dans la noirceur humaine et dans le passé torturé de l'Albanie ! Une cinquième enquête très réussie !

Lien : https://tasouleslivres.com/c..
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