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Critique de Guz


Guz
27 juillet 2017
14 JUILLETEric VUILLARD Actes Sud (en librairie le 17 août 2016)

Quel génie ! Quelle écriture ! Quel hommage ! Quelle perspicacité ! Quelle finesse !

Les historiens ont toujours pris un ou deux personnages phares pour nous relater le fameux 14 Juillet, or Eric VUILLARD après avoir consulté les archives honore en les nommant, un par un, métier par métier, le peuple de Paris qui a pris La Bastille.

Dès les premières pages, on est saisi, car la situation actuelle est très semblable à ce que le petit peuple vivait à l'époque.

« le 23 avril 1789, Jean-Baptiste Réveillon, propriétaire de la manufacture royale de papiers peints, s'adresse à l'assemblée électorale de son district et réclame une baisse des salaires. Il emploie plus de 300 personnes dans sa fabrique, rue de Montreuil. Dans un moment de décontraction et de franc-parler stupéfiant, il affirme que les ouvriers peuvent bien vivre avec quinze sols par jour au lieu de vingt … Réveillon est le roi de papier peint, il en exporte dans le monde entier, mais la concurrence est vive ; il voudrait que sa main-d'oeuvre lui coûte moins cher ».

Tout au long du récit, par-ci par-là, nous avons l'impression que l'auteur nous parle d'aujourd'hui. A un moment donné, nous voyons d'une manière très nette, l'image du DRH d'Air France dont la chemise a été déchirée par les salariés en colère il y a à peine un an de notre ère.

D'ailleurs le petit peuple de Paris était surtout constitué des étrangers ! qui parlaient du patois et même du sous-patois.

Il est également beaucoup question de l'importance des« mots ». Cette rentrée littéraire nous livre des oeuvres dont l'un des sujets importants sont « les mots ». « Mais depuis avril, on cause. La bouche produit des mots. Beaucoup de mots. Une avalanche ». « Mirabeau prononça alors sa grande phrase commençant par le peuple et terminant sur La force des baïonnettes. Ah ! c'est comme si parfois un homme avait attendu toute sa vie de dire quelques mots. … Il dit. La grosse gueule s'ouvre pour la première fois avec autant de souffle et de culot. La volonté de peuple vient de faire son entrée dans l'Histoire ».

Avant la prise, il y a eu plein de députations envoyées à la Bastille ce jour-là : « Dès qu'un esprit fermente on l'emprisonne, dès que cent ou mille esprits fermentent on envoie les gendarmes leur tirer dessus, mais quand des dizaines de milliers d'esprits fermentent de conserve, on envoie une députation, on noue un tire-jus au bout de son stick, et on l'ébroue gentiment ».

A l'époque sur 600 000 habitants de Paris 80 000 âmes étaient sans travail et sans ressources – 13% de la population était donc au chômage. « le chômage est une école exigeante. On y apprend que l'on n'est rien ».

Une idée nous traverse l'esprit : qu'attendons-nous ?
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