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Critique de Fandol


Fandol
15 septembre 2017
S'appuyant sur les archives, Éric Vuillard a réussi un livre aussi important que nécessaire sur ce fameux 14 Juillet 1789 qui a tant marqué notre histoire, démontrant que les événements ayant permis la prise de la Bastille avaient commencé quelques mois plus tôt.

La Folie Titon, cette maison de plaisance, avait connu la gloire avec le premier décollage d'une montgolfière emportant deux hommes dans sa nacelle. L'enveloppe de papier venait de la manufacture Réveillon, boulevard Saint-Antoine, à Paris.
Le 23 avril 1789, J.-B. Réveillon réclame une baisse des salaires à l'assemblée électorale de son district… « Or, le peuple avait faim. » Des émeutes ont lieu à Besançon, Dax, Meaux, Pontoise, Cambrai… mobilisant femmes, enfants, chômeurs.
Paris, 600 000 habitants, compte 80 000 sans emploi et sans ressources. « L'après-midi du 27 avril, une foule percola de Saint-Marcel, réclamant le pain à deux sous et criant : Mort aux riches ! » La maison d'Henriot, fabricant de salpêtre, est saccagée. le lendemain, la foule s'amasse devant la folie Titon et s'y engouffre.
Le style d'Éric Vuillard nous emporte dans ce débordement qui lance vraiment la Révolution française : « le produit dérobé du travail doit être gaspillé, sa délicatesse meurtrie, puisqu'il faut que tout brille et que tout disparaisse. » Les gendarmes arrivent, tirent et font plus de 300 morts, autant de blessés, certains sont pendus, d'autres marqués au fer rouge puis envoyés aux galères… Après le 10 août 1792, c'est la journée la plus meurtrière de la Révolution.
Pendant ce temps, « le délectable et le gourmand prennent la direction de Versailles, le fade et le maigre celle des faubourgs… Tout Versailles joue… le royaume frise la banqueroute. » 1 500 personnes sont chargées de la bouche du roi, les ministres des finances se succèdent à une cadence effrénée. On spécule en Bourse et le peuple a faim.
L'auteur insiste sur la multitude des petits métiers : porteur d'eau, marchand de ferraille ou de peaux de lapin, cocher, tailleur de pierre, tonnelier, loueuse de chaises, vendeuse de harengs ou de betteraves, papetier, serrurier, tapissier, imprimeur, vannier, brouetteur… Il n'oublie pas non plus de citer un maximum de noms, ceux qu'il a pu trouver dans les archives.
Le 11 juillet, Necker est remercié. Camille Desmoulins prononce son premier discours et il bégaye. La troupe charge mais les gardes-françaises se rallient aux émeutiers : « Paris est désormais au peuple. »
Le 13 juillet, à l'Hôtel de Ville, les bourgeois créent une milice armée alors qu'au même moment, le roi part à la chasse et que la reine cueille des capucines au Trianon, à 20 km de Paris. On cherche des armes. On dévalise le garde-meuble de la couronne et « la nuit du 13 juillet 1789 fut longue, très longue, une des plus longues de tous les temps. » La chaleur était écrasante après un hiver très froid.
« le 14 juillet 1789, la Bastille est assiégée par Paris. » le récit est dense, détaillé, au ras du peuple avec des morts, des blessés, des notables qui se ridiculisent et des gens modestes qui se comportent en héros.

Contrairement à ce que nos livres d'Histoire laissent supposer, la prise de cette forteresse demanda beaucoup de sacrifices et fit 98 victimes plus d'innombrables blessés. Sa destruction commença aussitôt : « Une immense allégresse s'empara de la ville. »


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