AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Cricri124


Lire un récit sur la prise de la Bastille un 14 juillet tisse des liens particuliers, inattendus et forts. Elle est tellement plus proche qu'on ne pourrait l'imaginer cette date emblématique du 14 juillet 1789… Entre cette journée et le mouvement des gilets jaunes, il n'y a qu'un pas, un minuscule petit pas à franchir, qui j'espère trouvera un autre chemin, une autre écoute, bref une autre conclusion, ou ouverture… J'espère.

« entre les mâchoires du temps, on croit parfois entendre des voix »

Eric Vuillard donne la parole à des voix oubliées, des noms exhumés des archives, des anonymes, affublés parfois d'un métier, d'une région, « le bottin de la bastille », et qui ont autant leur place dans l'Histoire que d'autres noms célèbres. Alors, il conte, raconte et décompte ceux qui ont été au cœur des événements, ce 14 juillet 1789… le peuple !

« Il faut écrire ce qu'on ignore. Au fond, le 14 juillet, on ignore ce qui se produisit. Les récits que nous en avons sont empesés ou lacunaires. C'est depuis la foule sans nom qu'il faut envisager les choses. »

Et la foule, c'est justement LE personnage central de ce livre. Difficile de s'identifier à un personnage plutôt qu'à un autre. Ils sont à peine esquissés et s'inscrivent dans un mouvement, un tout. Le héros, est indéniablement cette masse, ce peuple affamé qui en crève et finit par s'insurger, sans trop savoir ou cela va le mener, étonné d’être ensemble ; une somme d'individualités, quelques moments de bravoure, de grâce, de crainte, de colère, d’espoir et l’exaltation du nombre qui enfonce les portes.

Même si j'ai été dérangée par l'omniprésence de l'auteur et des énumérations qui ont parfois plus tendance à étouffer qu'à libérer l'imagination, j'ai aimé voir sortir de l'ombre ces inconnus qui ont joué un si grand rôle sans le savoir, avec leurs « petites » initiatives qui se fondent dans la masse, Il y a un souffle épique qui nous emporte malgré nous.
Certains passages sur la description de la ville «qui grandit à vue d'œil comme une enfant sur les photographies, comme si l'on feuilletait un furieux folioscope. » sont passionnants. D'autres sont carrément surréalistes, comme le billet tendu par un des gardes de la Bastille à travers une meurtrière, ou encore l'épisode de la porte, ultime bastion entre les assiégés et les assiégeants. Ah ! Je ne résiste pas à mettre un autre extrait : « La Bastille était devenue une simple maison à la porte de laquelle le monde frappait. Alors, scène irréelle, comme le portier de nuit qu'on réveille dans un hôtel et qui bâille, un invalide, ignorant tout de la rhétorique des grandes occasions, entrouvrit et demanda poliment ce qu'on voulait. »

Bref, comme le chantait Edith Piaf, dans un contexte il est vrai quelque peu différent, j'ai été emportée par la foule , qui nous traîne, nous entraîne …

Commenter  J’apprécie          737



Ont apprécié cette critique (67)voir plus




{* *}