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Critique de BazaR


BazaR
21 février 2022
J'ai dévoré le second tome encore plus vite que le premier.
Le découpage doit être simplement éditorial d'ailleurs, le roman étant trop gros pour tenir en un seul volume.

Avant de commencer, je pensais que l'action allait quelque peu retomber car les voyages dans les pays voisins étaient terminés. Mais que nenni ! Les événements d'Égypte sont dramatiques à cette époque. Il y a une véritable guerre de religion, avec Aton qui efface d'abord les autres dieux à marche forcée et violente ; la résistance du peuple et le retour d'Amon tout aussi implacable et violent.
Le pharaon Akhénaton est présenté comme un illuminé qui croit à une utopie où tous les hommes s'aiment et où la violence n'existe pas. Il se rend malade dès qu'on lui présente des faits qui ne collent pas à cette vision. Dégouté du comportement des Thébains, il part créer sa propre ville utopique d'où il gouverne selon des principes de non-violence qui ne sont pas appliqués en dehors de sa Cité de l'Horizon. Qu'importe pour lui, il préfère ignorer la réalité qui ne rentre pas dans les cases de son modèle.
Son gouvernement ruine l'Égypte, crée la famine et menace même la paix car les pays voisins tels que les Syriens ou les Hittites y voient évidemment une faiblesse à exploiter. A noter que les arguties diplomatiques décrites par Mika Waltari ressemblent trait pour trait à celles que l'on entend en ce moment autour des tensions de l'Ukraine (« Nous voulons la paix. Nous n'avons aucune intention belliqueuse »).
Et pourtant Akhénaton dispose d'un charisme messianique irrésistible pour qui le côtoie. Sinouhé son médecin et Horemheb son principal général ne peuvent que suivre sa vision et ses instructions, bien qu'ils anticipent leurs conséquences catastrophiques.

Et notre héros Sinouhé dans tout ça ? Il vit sa vie tant bien que mal, et un comptable pointilleux prouverait que le mal l'emporte sur le bien. Sinouhé est faible – il le dit lui-même. Il veut simplement vivre une vie simple, loin de la politique. Mais sa position de médecin du pharaon ne le lui permet pas. Il est contraint de voyager, de jouer les ambassadeurs, d'accompagner les armées lorsque la guerre éclate, et de rompre tous ses serments quand son « ami » Horemheb le lui demande. Il aimerait résister, mais il cède facilement à la menace.
S'il a la chance de vivre des instants de bonheur, lorsque celui-ci s'évanouit définitivement sous l'effet des tragiques événements religieux il devient blasé, écoeuré, il ferme son esprit, anéantit ses sentiments. le monde est fou, l'homme est encore plus fou. Sa fin revient à son début, car exilé, il écrit ses mémoires loin du monde, loin de son Égypte. Une sorte de Napoléon médecin à Sainte-Hélène.

Le texte est toujours aussi beau, dans ce style inédit de longues déclamations qui font office de dialogues. Après des doutes au début, mon impression finale est que l'auteur imprégnait sa plume dans l'encre de la vérité tellement ses phrases sonnent juste. La beauté de la Cité de l'Horizon éclate comme un feu d'artifice et, malheureusement, l'horrible réalité de la guerre explose à la figure du lecteur.

Ce roman historique est donc une réussite. La seule question qui se pose à moi maintenant, est d'arriver à séparer ce qui tient des connaissances historiques de qui est né de l'imagination. Je sais déjà que Mika Waltari a inventé le lien filial entre Horemheb devenu pharaon le futur Ramsès Ier. Mais l'auteur fait tellement bien revivre cette si lointaine époque qu'on peut accepter ces petites égratignures à L Histoire.
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