Citations sur La confrérie de la dague noire, tome 7 : L'amant vengeur (27)
Seigneur, quand elle était petite, avant sa transition, il avait été tellement sûr de pouvoir la protéger et prendre soin d'elle. Quand elle avait faim, il s'assurait qu'elle avait à manger. Quand elle avait besoin de vêtements, il lui en achetait. Quand elle n'arrivait pas à dormir, il restait avec elle jusqu'à ce qu'elle ferme les yeux. A présent qu'elle était adulte, il avait l'impression que son répertoire se cantonnait aux consolations. Même si c'était peut-être la manière dont les choses fonctionnaient. Quand on était enfant, une bonne berceuse était tout ce qu'il fallait pour apaiser l'angoisse de la journée et avoir le sentiment d'être en sécurité.
En la tenant dans ses bras en cet instant, il souhaita qu'il existe de tels remèdes pour les adultes.
- Rends-moi un service, chuchota-t-il.
La prise de Beth se resserra sur sa main.
- Tout ce que tu veux. De quoi as-tu besoin ?
- Chante moi le générique de Qui veut gagner des millions.
Il y eut un silence. Puis Beth éclata de rire et lui frappa l'épaule.
- Kolher...
- En fait, déshabille-toi et chante-le en faisant la danse du ventre. (Quand sa shellane se pencha pour l'embrasser sur le front, il la regarda au travers de ses lunettes de soleil.) Tu crois que je plaisante ? Allez, on a tous les deux besoin de distraction. Et je te promets que je te donnerai un bon pourboire.
- Tu n'as jamais de liquide.
Il se passa la langue sur la lèvre supérieure.
- J'ai l'intention de payer en liquide.
- Tu es scandaleux (Beth lui sourit.) Et ça me plait.
Ses troupes combattaient ses anciens profs.
Quelle merveilleuse poésie, bordel.
Parfois, devoir être forte est assez pour donner la force nécessaire.
D'accord, il lui avait menti. Mais il était bien habillé, super-sexy et riche, aussi elle n'aurait jamais dû lui faire confiance une seule minute.
Avec ces singes fous qui sautaient d'arbre en arbre au milieu de la forêt vierge de sa démence, qui lui lançaient des bâtons et des morceaux de fruits sous la forme de pensées étranges, il connaissait ses ennemis. Il les voyait pour ce qu'ils étaient. Et ses armes pour les combattre se trouvaient être un frigo bien ordonné, de l'aluminium sur les fenêtres, et un rituel immuable de mots et d'écriture.
Dans le monde réel, Alyne était perdu, sans défense, à la merci des autres, incapable de savoir d'où viendrait le danger. Mais dans les méandres de sa démence, il avait en main les règles du jeu, il connaissait les chemins qui traversaient la forêt, évitait les rochers et les tribulations des singes.
Un trio arriva du nord, deux grands hommes et un tout petit. Tous les trois étaient en noir, et aussi pâle de complexion que des Norvégiens. Génial. Soit il y avait en ville un nouveau groupe de malfrats qui avaient décidé de donner dans le L'Oréal peroxydé, soit ces blondinets étaient des égorgeurs.
Et là, ce soir, dans son appartement vide, devant sa table désertée, il sentait cette horrible douleur en lui et comprenait ce que c'était : le regret.
Il aurait été si merveilleux de mériter Ehlena.
Je me suis sentie en sécurité. (Elle se tourna vers lui). Tu sais ce que tu m'as fait avec ce mensonge ? Tu m'as volé ce sentiment. Je n'ose plus faire confiance à ce que j'avais cru posséder. Ma réalité est à nouveau faussée. Tu vois, ma vie tourne autour de toi. Toute ma vie. Tu en es le pivot. Et notre union est pour moi le monde entier.
Dans le silence, des mots voletèrent dans sa tête -des excuses pour la plupart- mais ce n'était que des conneries. Il avait déjà dit être désolé. Il le pensait vraiment. Et elle le savait. Et il faudrait encore un sacré bout de temps avant qu'il se pardonne de ne rien pouvoir faire de plus pour réparer.