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Critique de fabienne2909


Plus le temps passe, et plus j'aime les romans proposant des univers étranges, des histoires tordues, du retournement de cerveau. Ayant vu passer quelques critiques élogieuses, « La dernière maison avant les bois » me semblait cocher toutes ces cases.

Ted Bannerman vit dans la dernière maison avant les bois. Homme marginal, il vit quasi reclus avec sa chatte Olivia, et ne reçoit la visite de personne à l'exception de Lauren, sa fille, qui va et vient selon une étrange périodicité, et qui entretient avec lui des relations difficiles et non dénuées d'ambiguïté, puisqu'elle semble le détester profondément.
Ce comportement étrange l'a logiquement conduit, dix ans auparavant, à être suspecté de la disparition de la petite Lulu, âgée de six ans, au bord du lac situé à proximité de sa maison. Dix ans d'enfer pour la famille de la petite fille, à l'issue desquels il ne reste plus que Dee, qui ne tient, ou plutôt ne survit, que par son obsession de trouver le responsable de la disparition de sa soeur. C'est ainsi qu'elle viendra s'installer en face de chez Ted, avec l'intention de le confondre.

Dès les premières lignes, on entre dans cette atmosphère très lourde, oppressante, sombre, qui colle à la peau comme une suée malsaine.
« La dernière maison avant les bois » est un roman choral dont la première intervention est celle de Ted. On comprend assez vite qu'il est limité mentalement et/ou tout du moins sévèrement traumatisé par l'éducation maternelle qu'il a reçue. C'est d'ailleurs lui qui apprend assez vite au lecteur, sans complexe aucun et avec une distance troublante, qu'il a été suspect dans l'affaire de la disparition de la « petite fille à la glace au sirop », comme il la surnomme. Certains éléments qu'il donne m'ont rendue assez vite suspicieuse à son égard, mais son récit est tellement lapidaire, avec certains liens logiques altérés ou tout du moins particuliers que j'en suis venue tout aussi vite à douter. D'autant plus que curieusement, au fil des chapitres, sa voix devient plus affirmée, plus adulte…. Et on a vite l'impression que les événements principaux de l'histoire ne sont donnés que par lui, les interventions de sa chatte Olivia (oui, oui, une chatte qui parle !), de Lauren ou de Dee ne venant pas toujours expliquer le pourquoi du comment mais au contraire jeter un voile de mystère, d'horreur parfois, jusqu'aux dénouements finaux.

La force de ce roman tient ainsi pour moi à ce jeu constant avec le lecteur, à cette manipulation à laquelle s'adonne Catriona Ward en multipliant les fausses pistes, les faux-semblants. C'est difficile (et frustrant) de raconter mes impressions sans rien dévoiler, mais il faut garder en tête que ce qui nous est donné à voir n'est jamais vraiment la réalité, et surtout, qu'elle est changeante. C'est ainsi que je me suis attendrie sur Ted, avant de m'en méfier, ou de le détester ; que la compassion ressentie pour Dee a évolué devant l'accumulation de détails troublants et les révélations qui s'enchaînent, montrant que personne n'est complètement bon ni mauvais et que surtout les premières impressions ne sont pas toujours les bonnes.

Alors, est-ce que « La dernière maison avant les bois » a tenu ses promesses ?Oui au cours des deux tiers du livre, dont l'originalité vénéneuse et sombre m'ont tenue en haleine ; j'ai été par contre un peu moins convaincue par le dernier tiers. Certaines histoires secondaires m'ont parues artificielles, au final trop peu développées alors que je pensais qu'elles prendraient plus de place, et en outre elles se révèlent assez classiques (on voit venir la vérité de très loin). Ces imperfections, doublées d'une fin un peu trop naïve (et pourtant on partait de loin…) font perdre de sa force au roman, qui devient donc moins original, plus conventionnel. Ce petit bémol ne vient cependant pas complètement amoindrir cette lecture que j'ai trouvée passionnante.
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