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Critique de jamiK


Tout d'abord, l'aspect physique de cette bande dessinée est plutôt atypique, 356 pages en format paysage, un gros pavé pas très facile à manipuler. le graphisme de M Ward est aussi très particulier. le trait est presque schématique, les couleurs intenses en aplats mais finement nuancées, avec tout un jeu sur les ocres, les gris. Les vignettes sont parfois très petites, moins de 3 cm parfois, et s'accumulent comme dans un puzzle, l'ordre de lecture n'est pas toujours évident, et le texte est aussi souvent écrit très petit, mais c'est à l'image du récit.

M Ward nous raconte la vie très ordinaire dans une petite ville du Delaware, autour de personnages tout aussi ordinaires, Rusty Brown, un garçon souffre-douleur au collège, MK Woody Brown, son père, professeur dans ce collège, tout aussi raillé et esseulé, Alison White & Chalky White, des nouveaux dans ce collège, Jason Lint, un des caïds du lycée, Joanna Cole, une enseignante noire dans cet établissement plutôt conservateur, et M. Ware qui se met lui-même en scène, dans le rôle du professeur d'arts plastiques.

Le récit est destructuré, certaines vignettes ne représentent qu'un objet, ou le plan est décadré par rapport à l'action, les éléments s'accumulent, le narrateur semble errer dans l'espace de ses histoires, sans s'attacher plus à l'action qu'au descriptions des objets, le graphisme prend le dessus sur l'histoire. Tout cela me fait penser à Georges Perec, c'est une variante sur “La vie mode 'd'emploi", ou “Les choses”, On ne s'attache pas à l'histoire, mais plutôt à ce qu'elle nous décrit du mode de vie américain, sans emphase ni lyrisme, sans pudeur non plus, brute et parfois sordide.

Rusty Brown est un inventaire de la vie, un récit désincarné et pourtant pas dénué d'émotions, c'est d'ailleurs ce qui est le plus surprenant, là où nous avons l'impression de lire un simple catalogue, la vie surgit, avec ses faiblesses, ses nombreuses failles, sa présence s'impose, vraie, petite et mesquine, mais tellement humaine et poignante.
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