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Critique de Le_chien_critique


Peut on aimer à la fois les chats et les hommes ? C'est la question primordiale à laquelle va tenter de répondre la revue Bifrost.

Les nouvelles
La Longue patience de la forêt, de Christian Léourier
Monsieur Lanmeur nous entraine dans l'éternel histoire entre se satisfaire de ce que l'on a et découvrir les promesses de l'inconnu, ce qui en fait un texte tout indiqué pour ce dossier. Assez classique sur le fond, la plume de l'auteur permet cependant de passer un agréable moment.

ZeroS, de Peter Watts
Une histoire de jumeau maléfique, de camarade cadavre et de zombies. Une nouvelle qui se situe dans l'univers de ses romans Vision Aveugle et Echopraxie, mais compréhensible pour le non initié. Alors, comment se fera la guerre dans l'avenir ? Aussi moche qu'aujourd'hui sans aucun doute, cyborg ou pas. Autant j'aime la vision de l'humanité de l'auteur, autant j'ai du mal avec ses textes qui me paraissent pour la plupart un peu abscons.

Paroles de... s'attarde sur les coulisses du festival Les Rencontres de l'Imaginaire de Sèvres en compagnie de son fondateur Jean-Luc Rivera.Comme toujours avec cette rubrique, c'est toujours instructif, mais j'aimerai qu'elle soit un peu plus longue, il y a toujours un goût de trop peu.

Au travers du Prisme : Peter Watts
Vient le dossier consacré à Peter Watts à travers un long entretien, un court essai et une bibliographie.

Apprécier l'instant... craindre l'avenir : un entretien, par Erwann Perchoc
Voilà le morceau de choix du dossier, un long entretien sans langue de bois, avec beaucoup de verve, de recul et de second degré, sans oublier un peu de humour grinçant et son amour incommensurable pour l'espèce humaine. Peter Watts s'y livre sans fard, une enfance heureuse dont les psys doivent se régaler :

"Mon père lui a fait son coming out le lendemain de ma naissance — j'imagine qu'il m'a jeté un coup d'oeil et a décidé que cinq rapports hétérosexuels répartis sur treize années étaient un prix trop élevé pour une si maigre récompense —, et lui a proposé le divorce."

Concernant les reproches réguliers faits sur sa narration :

"Les abus en tant que tels étaient émotionnels — et, au moins, ça m'a appris deux-trois trucs qui m'ont plus tard été utiles pour la création de personnages.
Même si pas assez, selon certains critiques. Mais c'est la vie."

"Laissons maintenant les lecteurs de Bifrost pouffer de dédain à la vue de Peter Watts pontifiant sur les subtilités de la narration. Allez-y, les gens, prenez tout le temps qu'il vous faut."

Quand à son amour pour l'humanité mesquine, il est entier :

"Vous n'êtes rien que des mammifères humains. Vous paradez, vous donnez des coups de boule, vous luttez pour les ressources comme une myriade d'autres espèces de mammifères — et si vous avez des trucs intelligents à dire, vous laissez souvent vos instincts parler à la place. Grandissez, bordel, ou admettez que vous n'êtes qu'une bande de primates, tout juste bons à vous lancer mutuellement vos fèces à la gueule, mais avec plus de vocabulaire que bien d'autres."

"Vous ne pouvez pas avoir le beurre et l'argent du beurre ; vous pouvez reconnaître que vous n'êtes qu'un mammifère égoïste ou vous pouvez affirmer que vous êtes supérieur aux animaux sauvages, mais dans l'un ou l'autre cas, ayez l'honnêteté de vous comporter en conséquence. Ne prétendez pas être l'Espèce Élue de Dieu puis passer votre putain de vie à vous comporter comme un bulot."

"Les gens peuvent se restreindre et penser au long terme. Dans la majorité des cas, ils ne le font pas. Ils utilisent leur néocortex non pour contrôler leurs instincts, mais pour trouver des excuses à ces derniers. Nous ne nous battons pas pour des ressources, nous « propageons la démocratie » ; nous ne pratiquons pas la sélection de parentèle, nous « purgeons les infidèles » ; nous ne violons pas nos femmes, nous « respectons les commandements divins » pour peupler la planète de nos enfants. Nous nous comportons à peu près comme n'importe quel mammifère sur Terre, mais nous refusons de l'admettre."

Quand à sa vision de notre société :

"Si mes premières nouvelles plaidaient pour le sauvetage de la planète, mes textes les plus récents tendent à avoir des buts plus modestes : ces temps-ci, je préconise qu'on traque les Trump, les Koch, les Harper et les Trudeau du monde entier, qu'on les traîne dans la rue et qu'on les roue de coups jusqu'à ce que mort s'ensuive. Il est peut-être trop tard pour éviter la catastrophe, mais on aura une petite vengeance contre ces connards qui se sont mis en travers du chemin. (Bien sûr, vu comment ces gens sont bien protégés, cette ambition s'avère à peine moins irréalisable que sauver la Terre. Mais il ne faut pas perdre espoir.)"

En route vers la dystopie avec l'optimisme de la colère, par Peter Watts
Ce texte est connu des lecteurs du recueil Au-delà du gouffre, car il s'agit de sa postface, un peu trop digressive à mon goût sur sa mésaventure étatsunienne.
Dommage d'avoir repris cet article ici, les fans de Watts le connaissent, l'entretien qui le précède donne une idée très claire de ce que pense l'auteur.

Eriophora et tisseur de récits : un guide de lecture
Si vous ne connaissez pas l'auteur, ces diverses recensions devraient vous donner quelques pistes. J'avais lu Starfish sans enthousiasme débordant, mais Apophis m'a donné envie de continuer la suite de la trilogie Rifteurs, malgré ses quelques bémols. Quand aux autres romans, la hard SF est peut être trop présente pour moi. Dommage.

Scientifiction : Les monstres de la science-fiction : des morphologies et des gènes hors-norme, par J-Sébastien Steyer, Alise Ponsero et Roland Lehoucq
Après un rapide détour historique, l'article s'attarde sur les monstres de notre présent, qu'ils soient issus de Tchernobyl, du marronnier de la presse avec le clonage de dinosaure ou encore les ciseaux génétiques CrispR-Cas9 en faisant le parallèle avec différents films.

Le long entretien suffit à lui même pour acheter ce numéro (que je vous conseille d'acheter en version papier, l'epub faisant mal aux yeux...), même si vous y découvrirez un auteur à la Alain Delon, c'est à dire qui aime parler de lui à la troisième personne. Pour ma part, Watts n'est pas pessimiste, juste réaliste.
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