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Critique de Warrenbismuth


Fin 1934, désireuse de se rendre compte par elle-même du travail en usine, Simone WEIL se fait embaucher afin de tenir un « journal d'usine ». Ce sont ces notes, entre autres, qui constituent la première partie de « Grèves et joie pure » avec le texte « La vie et la grève des ouvriers métallos », signé S. GALOIS, pseudonyme de Simone WEIL (qui a alors 27 ans). Daté de juin 1936, il paraît d'abord à la même date dans « La révolution prolétarienne », puis en 1951 dans une collection « Espoir » alors dirigée par Albert CAMUS. Dans ce texte Simone WEIL fait une grande part au caractère psychologique d'une vie à l'usine. Entre les ordres du contremaître (produire toujours plus), ce sentiment d'être devenue une esclave, un être soumis et obéissant, ce besoin de gagner sa croûte pour élever les enfants, acheter de la nourriture, etc., malgré les cadences infernales, le corps qui a mal et les tâches répétitives et automatiques, la vie d'une ouvrière paraît sans espoir. Simone WEIL est licenciée sans explication au bout d'un mois. Il est temps pour elle de témoigner, un peu plus d'un an plus tard.

Les séquelles psychologiques d'une vie à l'usine sont nombreuses, il est difficile de redevenir soi-même après une journée aussi harassante qu'abrutissante. Heureusement il y a la solidarité entre ouvriers, déclenchant une grève pour dénoncer les salaires au rendement provoquant d'importantes disparités pécuniaires entre les salariés. Nous sommes en plein Front populaire, il est urgent pour les prolétaires de revendiquer plus de droits. Dans un deuxième texte faisant directement suite au premier, un projet d'article en fait, l'autrice savoure la victoire des grévistes, avant un bref article sur Roger SALENGRO, alors ministre de l'intérieur (il se suicidera trois mois après cet article, n'y voyez là aucune cause à effet).

Un dernier texte dénonce la position de la CGT (à la fois intenable et indésirable selon Simone WEIL) sur des procédures de conciliation et d'arbitrage, alors que l'autrice est clairement pour le contrôle ouvrier des usines, une sorte d'autogestion en somme.

Cette plongée dans la France prolétaire de l'entre-deux guerre donne un parfum d'optimisme, avec des combats sociaux qui aboutissent, des mobilisations actives et fortement revendicatives. Les événements racontés dans ce tout petit livre sont situés juste avant la deuxième guerre mondiale. Au-delà, il faudra tout recommencer.

La présente édition (de 2016) est signée Libertalia, elle est accompagnée d'une préface de Charles JACQUIER. Un document historique de poids, un jalon de la lutte des classes en seulement quelques dizaines de pages, concentrées et littéraires par leur style, pour ne pas oublier.

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