«La lecture est une drogue incomparable, parce que, plus qu'à la médiocrité de notre vie, elle nous permet d'échapper à la médiocrité de notre âme.»
Nicolás Gómez DávilaL'enracinement est un livre inachevé, assez foutraque. Il mélange programme politique pour l'après Libération, analyse historico- philosophique et mysticisme chrétien. Une lecture à priori peu faite pour plaire à un sceptique. Et pourtant...
Ce livre est traversé par l'intelligence intuitive et la sensibilité: il est le reflet de la personnalité de
Simone Weil, de son rapport au monde, de sa morale. Une pensée haute, pure, exigeante, intransigeante, fruit d'une sensibilité extrême, fondée sur le respect et l'amour, sur une compassion totale.
Simone Weil, l'intellectuelle mystique, me fait penser à
Louise Michel, la militante anarchiste. Une même éthique, une même morale, un même sacrifice de soi. Leurs différences, notamment politiques, ne sont que des bagatelles. Toutes deux sont admirables, et si peu d'êtres le sont.
Je ne retient pas tout, je n'approuve pas tout. Une telle morale, appliquée au domaine politique, peut parfois être dangereuse. Trop utopique, trop absolue, pour ainsi dire pas assez humaine. Un ami
De Stendhal disait à ce dernier: « Vous tendez vos filets trop haut. » Ce mot s'applique tout à fait à
Simone Weil. Il n'empêche, on se prend à rêver que des politiques s'inspirent d'elle (aucune chance). En attendant, c'est nous qu'elle devrait inspirer.