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Critique de ileana


ileana
11 décembre 2019
Un livre d'entretiens menés pendant les deux dernières années de vie de Welles, entre 1983 et 1985. Avis mitigé : dans un premier temps j'ai été ennuyée par la grosse tête et le cabotinage du cinéaste. Mais certains de ses propos me semblent tellement cruels que ça devient drôle ! Il démolit dans les règles des icônes comme Chaplin, Elia Kazan, Hitchcock. Avec des arguments : Chaplin plagiaire ; Kazan compagnon de route du maccarthysme ; Hitchcock paresseux et commercial, en forçant sur l'éclairage (dès qu'il a commencé à travailler à Hollywood, il a cessé de regarder à travers l'objectif, p204).

L'introduction présente la rencontre entre Welles et le metteur en scène Henry Jaglom, son interlocuteur. Jaglom a été pendant des longues années son ami et confident. Il a enregistré ces entretiens. Ce n'est que 25 ans plus tard que Peter Biskind les publie, en ajoutant une excellente introduction et un très bref index des noms.

Extrait de l'introduction, p32 :
« Henry Jaglom a relevé Welles de la poussière, l'a secoué et a commencé à restaurer sa légende [ ] ; il s'est dépensé sans compter pour démentir l'idée généralement convenue que son ami était atteint du trouble du déficit de l'attention cinématographique ». Leur rencontre a eu lieu à un moment où la carrière de Welles était depuis longtemps au point mort.
« C'était toujours la même chanson : victime de son talent prodigieux, Welles était celui qui en faisait trop, et, de ce fait, accomplissait trop peu. [ ] Il n'était pas en mesure de mener à leur terme tous les films, toutes les pièces de théâtre, toutes les émissions de radio et autres projets qui lui venaient sans cesse à l'esprit [ ]. Son cerveau était comme un chaudron d'eau bouillante, rempli de bulles innombrables qui remontaient à la surface et éclataient dans le vide. Il avait besoin de quelqu'un qui lui crie : Concentre-toi !, et c'est le rôle que Jaglom a assumé. »

Une anecdote au sujet du film noir le Troisième homme, 1949, le plus grand succès de Welles en tant qu'acteur. (Metteur en scène Carol Reed, producteur Alexander Korda.) Lors de la sortie du film aux USA, le producteur David Selznick a mis son nom au générique, en effaçant celui d'Alex Korda. « Juste après la sortie du film, Alex a dit ‘Mon cher David, je viens de voir le générique américain'. Là, Selznick s'est mis à faire des ‘euh' et des ‘hum'. Alex a continué ‘J'espère seulement que je ne mourrai pas avant vous. David a demandé : ‘Qu'est-ce que vous voulez dire par là ?' Et Alex : ‘Je ne veux pas vous imaginer vous glisser dans le cimetière et effacer mon nom sur ma tombe'. »

Une réplique culte du même film Le Troisième homme, réplique écrite et interprétée par Orson Welles : "Rappelez-vous qu’en Italie, sous les Borgia, pendant trente ans, il y a eu la guerre, la terreur, meurtres et assassinats : cela a donné Michel-Ange, Léonard de Vinci et la Renaissance. En Suisse, ils ont eu l’amour fraternel, cinq siècles de paix et de démocratie. Et qu’est-ce que cela a donné ? L’horloge coucou !"
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