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Critique de LeaTouchBook


le peuple Arménien a de nombreuses fois souffert d'exactions mais le génocide qui débuta en 1915 est le premier que connut le XXème siècle.
Ce livre c'est une page de l'histoire des arméniens persécutés par le peuple Turc, pourtant l'espoir existait avec l'arrivée au pouvoir du parti des « Jeunes Turcs ». Mais la première guerre mondiale, le jeu des alliances, le raidissement des relations entre les ethnies vivant sur les mêmes territoires va faire basculer les arméniens dans l'horreur.
La famille Bagradian, fraichement arrivée au pays, est propulsée dans les méandres de cette situation inextricable entre les deux communautés.
L'une doit disparaitre ce sera les Arméniens. L'exode, machine infernale à exterminer est mise en place, politiquement dirigée, religieusement voulue, ce sera « marche ou crève » ou les deux à la fois si possible…

Pourtant l'arrivée dans la maison familiale à Yoghonoluk disponible depuis la mort du frère ainé de Gabriel, le chef de famille, s'était bien passée.
Juliette, française d'origine, malgré le choc des cultures s'était faite à son nouvel environnement. Stéphan, le fils, avait fait les efforts nécessaires pour s'adapter à ce pays qui avait vu naitre et prospérer les Bagradians.

L'été 1915 arrive, l'Europe voit ses peuples s'affronter en France, les Turcs mettent leur plan en marche !

Amis (es) lecteurs avez-vous remarqué qu'en face du danger notre cerveau reptilien nous force à prendre de la hauteur ?

Les habitants des sept villages sous l'impulsion de Gabriel Bagradian vont tenter leur chance en se retranchant sur le Musa Dagh, le Mont Moïse Arménien…Pour cela « ils vont abandonner leurs maisons, leurs biens qui seront pillés par la racaille Turco-Arabe », déchirant : « Car l'humanité enveloppe de ses rêves et de son amour même le plus sordide fatras ».

Après l'arrivée sur le Musa Dagh, forteresse naturelle, les défenses sont achevées, les rôles distribués et en guise de bouteille à la mer coté falaise une banderole à destination des bateaux des forces alliées qui croisent au large : « Chrétiens en détresse ».

L'histoire de ces naufragés de l'humanité commence …

Je le répète « Ce n'est pas un livre de guerre ! », ne vous attendez pas à un récit émaillé de grandes batailles.

Sur plus de 900 pages l'histoire ne tiendrait pas la longueur, il y a une vraie analyse de la société Ottomane, des différents protagonistes, de la psychologie des cultures de l'époque, avec une écriture de très bonne qualité pour faire passer un message du fond des temps :
« L'humanité ce trésor si fragile, capable aussi bien de grands élans constructeurs que de terribles cruautés… »

Bien qu'édité en 1933 ce roman fait preuve d'une extraordinaire fraicheur. Une solide technique d'écrivain mais le contraire serait étonnant vu l'environnement artistique de Franz Werfel.

Les personnages : Quelques uns,

Les Bagradians, famille plus occidentale qu'orientale à leur arrivée et puis…

Tuach Nurhan, l'ex-Sergent qui va s'investir pour donner un semblant de cohésion militaire à son peuple constitué majoritairement de paysans.

Sarkys Kilixian, arménien déserteur de l'armée Turc qui a vu enfant sa famille massacrée par des turcs. Lors de cette effroyable tragédie il a pu entendre les assassins dirent : « Jusqu'à la mort, ils sauront que nous sommes les maitres et qu'ils ne sont que puanteur ».

Krikor, le pharmacien « Tous les remèdes viennent des 7 éléments la chaux, le soufre, le salpêtre, l'iode, la résine de saule, le pavot, le suc de laurier, sous mille formes c'est néanmoins toujours la même chose ».

Sato, la bohémienne, jeune enfant répugnante qui recherche l'attention et un peu de cette tendresse que les autres lui ont si souvent refusé.

Iskouhi, jeune soeur du pasteur, ils ont connu les chemins de la déportation avant de se réfugier à Yoghonoluk, elle en porte les stigmates.

Ter Haigasoun, le prêtre prévient ses fidèles : « le malheur que nous avons craint est arrivé » ; leur seule arme « L'union, la fermeté et l'ordre ».

Gonzague, l'étranger, le Grec, possesseur d'un passeport Américain : « J'ai une très bonne mémoire car je ne m'embarrasse pas de souvenir ».

Et les autres personnages qui vont apporter leur pierre à l'histoire...
Si le thème vous tente vous ne le regretterez pas, c'est un coup sûr !

En clin d'oeil, 40 jours.. . Vous vous souvenez ? Non ? Bah, oui qu'en même !

Merci aux éditions Albin Michel pour cette réédition qui était demandée à corps et à cris par de nombreux lecteurs (trices) qui se plaignaient de ne plus trouver ce roman ou à un prix prohibitif.
Lien : http://leatouchbook.blogspot..
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