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Critique de leboncoinlecture


J'ai été un peu déçue de cette lecture parce qu'elle a « mal tourné » selon moi.
Les 80 premières pages étant assez largement dédiées à la dimension sociale et humaniste d'une fabrique dans l'Amérique de la Révolution industrielle, je me réjouissais que c'en soit le thème principal malgré la quatrième de couverture annonçant « une folle histoire d'amour ».
Mal m'en a pris, car en effet, les réflexions sur les évolutions des conditions de travail des employés sont largement reléguées à l'arrière plan et ne sont plus développées une fois que la première histoire d'amour est engagée.

Bessy Westmore, riche héritière et jeune veuve, possède la fabrique qui lui permet un train de vie dispendieux.
John Amherst est un déclassé volontaire : il aime à veiller sur les ouvriers de la fabrique et souhaiterait révolutionner son organisation pour leur bien-être.
Justine Brent, jeune infirmière humaniste et indépendante, retrouve son amie de pensionnat en Bessy et un camarade d'opinion en John.
Le trio est en place, pour le meilleur et pour le pire.

Ayant lu peu de temps avant « Féminin/ masculin dans la presse du XIXème siècle » de Christine Planté et Marie-Eve Thérenty, j'avais frais en tête certains rapports de force hommes/femmes et certaines images de la masculinité et de la féminité qui m'ont fait malgré tout lire d'un oeil attentif la caractérisation des personnages féminins d'une part, et les rapports conjugaux d'autre part, sachant que ce roman a été publié en 1907, donc dans un contexte proche de celui évoqué dans l'étude mentionnée (même si j'ai bien conscience que l'histoire se déroule aux Etats-Unis et qu'elle a été rédigée par une Américaine).

A cette lumière, le personnage de Bessy m'est apparu renfermer de nombreux stéréotypes de la femme en proie à ses désirs, égoïste, inconstante, inconséquente – même pas bonne mère. Justine, d'un autre côté, semble le parangon de la femme moderne : altruiste, indépendante, persévérante, aimante, loyale au-delà de tout.

A défaut d'y trouver un intérêt littéraire, les relations de mariages décrites m'ont paru un exemple tout à fait instructif des rapports de force entre mari et femme de l'époque, selon le rang social, qui possède quoi, qui peut faire quoi avec l'autorisation de qui etc., ce que cela change quand il s'agit d'un mariage plus égalitaire, où les êtres comptent plus que leur statut, où l'humain compte plus que les désirs égoïstes ; ce qui peut stabiliser ou ébranler l'un ou l'autre de ces types de mariage.

J'ai été surprise de voir surgir de façon conséquente et moderne le thème de l'euthanasie mais, sur le plan de la narration, il donne lieu à des évolutions dans la relation des personnages traitées assez longuement en une succession de retournements psychologiques qui m'a plutôt ennuyée même si elle ne manque pas de pertinence ni d'intérêt.

Une certaine modernité, donc, dans les thèmes abordés et dans leur traitement mais un manque de cohérence et un accent trop marqué sur les relations amoureuses et maritales ainsi que sur leur psychologie à mon goût. A noter tout de même un style très riche et très agréable.
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