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Critique de DragonLyre


Précédemment publié sous le titre « Les Carcérales », ce roman s'est fait remarquer à travers différents prix comme Tatoulou Noir en 2011, Jean-Claude Izzo en 2012 et Passerelle(s) en 2013.

On y découvre Rodrigues, un adolescent athlétique, assez timide et sans problèmes. C'est la Fête de la Musique à Paris, ses amis se produisent sur une scène et au moment de remballer le matériel, on le laisse seul avec Aurélie, la chanteuse. Il est attiré par cette jeune fille depuis quelques semaines, la soirée est bien arrosée et ils concluent l'affaire dans un square. le lendemain, la police frappe à sa porte : Aurélie a porté plainte pour viol.

Le passage en lui-même est assez étrange. Je ne suis pas parvenue à approuver la manière dont Rodrigues s'y prenait, mais étant donnée la complicité dont ils avaient tous deux témoignée, j'étais mal à l'aise sans pourtant être choquée. Magali Wiéner va d'ailleurs nous tirailler là-dessus de bout en bout. Un coup, on se dit que Rodrigues aurait dû être plus à l'écoute, qu'il a choisi la solution de facilité. Un coup, on se demande si Aurélie n'essaierait pas de cacher quelque chose à ses parents à travers une fausse accusation.

L'histoire est racontée du point de vue du supposé agresseur. On assiste impuissants à sa descente aux enfers : la garde à vue, les interrogatoires musclés, les confessions forcées et déformées, le juge, la détention préventive, le procès. L'auteur souligne les imperfections du système : les méthodes parfois douteuses de la police, la lenteur de la justice et les mauvaises conditions de détention. Elle nous fait réfléchir sur l'intérêt d'une peine de prison lourde et sur les méthodes alternatives permettant d'éduquer plutôt que de condamner, remettre quelqu'un sur le droit chemin plutôt que de détruire toute perspective d'avenir. Elle nous montre aussi les limites de la présomption d'innocence et de l'impartialité des jurés. À travers les délibérations, on voit bien que beaucoup se laissent influencer par leur propre vécu ou par ce qu'ils ont vu à la télévision.

Cependant, même s'il n'a pas le profil d'un violeur, Rodrigues avait-il le droit d'agir ainsi ? Je me suis posée mille questions, sur lui, sur Aurélie, sans pouvoir me faire un avis bien tranché. Deux vies à la dérive pour une simple soirée trop arrosée ; on a envie de les sauver tous les deux... Magali Wiéner a réussi l'audacieux pari de nous présenter « l'autre version des faits » et de dénoncer l'engrenage infernal dans lequel certains jeunes se retrouvent coincés avant même leur procès, sans jamais minimiser le drame tel qu'il est ressenti par la jeune fille. Il est très perturbant de voir comment Aurélie et Rodrigues interprètent les mêmes faits de façon radicalement opposée...

Un garçon si gentil... est un ouvrage qui donne à réfléchir sur de nombreux points. Il m'est difficile d'en parler tant il m'a retourné le cerveau. Encore une grosse claque made in Macadam ! C'est sans conteste ce genre de titre qui fait de cette collection l'une de mes préférées.
Lien : https://dragonlyre.wordpress..
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