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Critique de JIEMDE


JIEMDE
07 septembre 2022
Générations inspirées

À La Nouvelle Orléans, rien n'est simple dans la famille d'Ava, 34 ans. Élevant seule son fils King, elle s'est peu à peu éloignée de sa mère Gladys, ex-avocate et malade, devenue doula pour aider les femmes face à la naissance. Mais leur relation se tend encore un peu plus quand Ava décide d'emménager chez Martha, la grand-mère, le temps d'économiser de quoi financer un futur toit.

C'est l'occasion pour Martha de tenter de rattraper le temps familial perdu, mais son état de santé instable rend vite la vie d'Ava compliquée, la conduisant contre toute attente à se rapprocher davantage de Gladys et à explorer ce don familial particulier qui semble habiter la lignée de femmes depuis des générations, sous l'oeil de Joséphine, l'aïeule dont le portrait n'a jamais quitté Ava.

Dans Miss Joséphine, Margaret Wilkerson Sexton – traduite par Laure Mistral – nous replonge au milieu du XIXe siècle, dans l'enfance de Joséphine puis dans son parcours de femme libre et fière, pour retracer le lien générationnel invisible qu'elle va tisser pour unir sa future descendance.

Née noire et sous la domination des « maîtres » propriétaires terriens, Joséphine va vite découvrir au contact de Miss Sally la fille de l'institutrice, l'autre vie, celle des blancs. Et si ce semblant d'amitié ne suffira pas à casser les barrières de l'époque, il permettra en revanche à Joséphine d'envisager un autre avenir, moins déterminé et affranchi.

Des années plus tard, sur la fin de sa vie qui l'aura vue se libérer, fonder une famille, aider les parturientes et se lier avec une nouvelle voisine blanche, elle découvrira que le passé n'est jamais mort et l'égalité raciale jamais totalement atteinte.

Alternant les époques et les voix, l'auteure fait indirectement dialoguer Joséphine, Gladys et Ava, unie par un lien intergénérationnel imperceptible qui les conduit à délaisser la haine - « La haine, ça sert à rien, Josie. Tout ce que tu cherches à fuir, la haine t'y enchaîne » - au profit de l'épanouissement par le service de l'autre.

Un lien qui deviendra force pour Ava : « Toutes les femmes qui sont venues avant toi sont à tes côtés, elles te soutiennent, elles vont te guider jusqu'au bout » semble lui susurrer Joséphine. « Je suis toi et tu es moi (…) Je t'attendais ».

C'est un joli livre qui voyage entre les époques sans jamais se perdre, ode délicat et intime à la sororité qui unit à travers les âges et les races.
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