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Critique de horline


Le grand large est un formidable espace littéraire. Surtout lorsqu'il est traversé par des tempêtes et rend l'homme si petit, si dépendant de son environnement. Mais lorsque l'océan est un infini figé, les menaces les plus dangereuses viennent rarement de l'absence de vent mais des recoins les plus isolés de l'intimité.
Ingram et sa femme Rae en font l'expérience lorsqu'ils prennent en charge un naufragé à bord de leur ketch en plein milieu du Pacifique équatorial, à plus de douze cents milles nautiques de toute terre.
Charles William nous offre là un cadre et les germes d'un roman noir rondement mené. Ce n'est pas une simple illusion : le rythme du récit et les chassés croisés entre les deux bateaux au coeur de l'intrigue révélant des personnages saisis dans leurs différences et conflits respectifs, nous font bel et bien entrer dans un récit où le suspense occupe une place non négligeable.
Mais l'auteur déborde un peu du cadre conventionnel en s'essayant à la psychologisation des personnages. Autant le roman vous agrippe les yeux avec ses images qui vous renvoient toutes les exigences de la mer, vous fait sentir l'air iodé et l'huile de lin, vous fait entendre le bruit des cordages, infuse la juste dose d'inquiétude face au temps stagnant, autant la volonté d'amarrer la trame à l'analyse psychopathologique a tendance à lester le récit. Il cède facilement au moralisme et l'auteur en est conscient puisqu'il fait dire ironiquement à Ingram qu'il se perd un peu dans « la psychologie de cocktail ».
Sa manière de transformer les conflits intimes en tensions extérieures n'est pas des plus convaincantes, il n'en demeure pas moins que j'ai été prise dans les filets de ce thriller mené avec une belle intelligence narrative. Mon attrait pour la navigation y participe grandement, mais l'auteur parvient tout de même à redresser la barre avec un roman où le danger n'est pas totalement arbitraire et incontrôlable, l'intrigue repose sur plusieurs mécaniques et celle qui s'impose fait la part belle à une dynamique humaine qui me plait bien. le ressort du suspense est alimenté par des tempéraments rationnels, instinctifs et méthodiques, et les détails s'y entrechoquent faisant du lecteur un passager clandestin.
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